30 octobre – 4 novembre : creuser des tranchées, un travail quotidien pour Henri Moisy



Le vendredi 30 octobre 1914

Nous montons nos sacs. A 14 h nous sommes remplacés dans notre tranchée par une compagnie du 4ème de Ligne et nous allons en faire une autre 60 m plus à l’ouest. A 17 h nous revenons dans notre première tranchée et à 23 h nous la quittons à nouveau pour faire place au 4ème d’infanterie. Nous passons la nuit dans une tranchée qui n’est pas à moitié creusée. Continuer la lecture

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29 octobre 1914. Ecoutez-moi ça ! Quels tonnerres !



29 octobre 1914. Ménil-aux-Bois

Ecoutez-moi ça ! Quels tonnerres ! Toutes les gueules de tous nos canons crachent de la mort sur les Barbares. Musique sublime que celle de l’obus qui part, porteur de nos tragiques commissions. « Pars… ne flâne pas… et droit au but ! que ton sifflement leur glace les moëlles… Il faut qu’ils entendent de loin, qu’ils comprennent sa sentence implacable : A mort ! A mort pour Reims, pour Louvain, pour Arras ! A mort pour tant de veuves, de mères douloureuses, d’orphelins ! A mort pour l’enfant émigré de Deyvillers qui râlait dans sa petite voiture ! A mort pour les ruines de Baccarat, l’église de Badonviller, celle de Sainte-Barbe, et celle de Roville, et celle de Bagien, et celle de Ménil, et celle de Saint-Benoît, et celle de Raon-l’Etape, et celle de Cirey et celle… et de toutes celles dont les clochers maintenant sans cloches jettent sur eux la malédiction redoutable de leur silence… A mort !.. A mort !.. A mort !.. »

Ah ! Comme il en pleut, aujourd’hui, de nos obus sur leurs tranchées, leurs batteries, leurs cantonnements, leurs ponts, leurs observatoires !… Ils ne répondent presque pas… Une marmite par-ci par-là qui fait sonner les bois… les bois où il n’y a personne… Quelques obus sur Sampigny –le toit Poincaré tient toujours bon.- Ce ne sont pas là des réponses, ce ne sont que des balbutiements de gens intimidés… Auraient-ils de mauvaises nouvelles de Dixmude ? Celles que nous en recevons sont bonnes. Et celles qui viennent de la région de Nancy également… Egalement celles qui nous viennent de l’Argonne… Egalement les nouvelles des Vosges… Egalement les nouvelles de Russie… Ah ! Ah ! Ils se taisent ! les Boches !…

… Je crie et j’écris ces imprécations dans une singulière position : je suis assis sur la botte de paille – pardon ! sur le lit – du lieutenant commandant de la batterie de 155. La chambre à coucher n’est pas vaste et je ne crois pas que je pourrais m’y tenir allongé, mais elle offre un certain confort avec ses murs de terre et son toit de sapin. Elle possède le téléphone et, entre parenthèses, ce qu’on entend en ce moment au récepteur est bien agréable : « Allô ! même angle, même direction. L’objectif est en feu. » C’est la voix du lieutenant, qui, de là-haut sur la crête, surveille les effets du tir. Quant à l’objectif c’est la ferme Pichaumet, au pied du Camp des Romains : les Allemands n’y dormiront pas ce soir…

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24 – 29 octobre : Henri Moisy, un anniversaire, des balles qui sifflent et un homme tué



Le samedi 24 octobre 1914

Je retourne au P. P. Canonnade française toute la journée, fusillade allemande toute la nuit. Des hommes ont été pris dans toutes les sections pour attaquer les Allemands à la cote 263, et plusieurs hommes de ma section ont été tués ou blessés. Attaque à gauche par le 3ème bataillon. Vu aéroplanes. Temps nuageux.

 

Le dimanche 25 octobre 1914

Je vais avec mon escouade aux avant-postes à la cote 263. J’aperçois un éclaireur allemand qui traverse un chemin, un de mes hommes en a tué un qui est ensuite apporté à l’arrière. Canonnade le matin. Vu aéroplanes. Temps humide. Pluie et grand vent toute la nuit. Je passe la nuit dehors sous la pluie enveloppé dans ma toile de tente. C’est aujourd’hui mon 28ème anniversaire.

 

Le lundi 26 octobre 1914

Je quitte les avant-postes de la cote 263 et reviens à ma tranchée. Je suis remplacé par une autre escouade. Canonnade et fusillade violentes. Nuit tranquille. Temps pluvieux. Je touche un gilet de coton.

 

Le mardi 27 octobre 1914

Je retourne aux avant-postes le matin pour 24 heures. Nous couchons dehors et faisons un seul repas dans la journée. Pluie.

 

Le mercredi 28 octobre 1914

Je quitte les avant-postes à 6 h. Je vais ensuite en patrouille dans le ravin en avant de notre P[etit] P[oste]. Canonnade et fusillade. Temps nuageux et humide.

 

Le jeudi 29 octobre 1914

Attaque par un bataillon du 4ème de Ligne à la cote 263. Les balles passent continuellement au-dessus de notre tranchée et en enfilade. Je soigne dans ma tranchée un blessé du 4ème qui a le bras traversé par une balle explosive. Je vais en patrouille à 400 m en avant des tranchées à 16 h et à 21 h.

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