26 mai 1915. Je quitte l’hôpital des Anglais.



26 mai 1915. Lyon

Je quitte l’hôpital des Anglais.

Pour satisfaire aux exigences de l’Administration, il faut que je passe quelques jours dans un dépôt de convalescents avant de partir en congé de convalescence.

Ce dépôt est virtuellement installé dans les bâtiments de l’ex-Exposition. En réalité je passe ces trois jours avec le capitaine Le Folcalvez à l’hôtel.

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25-26 mai 1915 : le sergent Baratin est tué d’une balle à la tête



Le mardi 25 ami 1915
Le sergent Oudineau a fait une patrouille en avant et un de ses hommes a été blessé. Le sergent Fouquet a fait une patrouille en arrière de nos lignes jusqu’à la Pierre-Croisée pour rechercher un espion qui nous a été signalé, il n’a rien trouvé. Le sergent Baratin a été tué d’une balle à la tête pendant qu’il tirait par un créneau sur la tranchée allemande, à 4 h. Il est emmené à la Maison Forestière pour y être enterré. Nous faisons une collecte pour [lui] (« y ») offrir une couronne (177.85 F). Un gros crapouillot est tombé dans la tranchée et n’a pas éclaté, nous l’avons porté sur le terrain en arrière avec quelques piquets autour.

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23 et 24 mai 1915 : la vie en deuxième ligne



Le dimanche 23 mai 1915
Les deux sections de première ligne viennent en deuxième ligne et sont remplacées par les deux autres sections. Ma section est échelonnée en 2ème et en troisième ligne et nous avons quelques abris. Dans la journée nous faisons diverses corvées pour la première ligne. Lancement de crapouillots et canonnade. Le sergent Guidot a fait une patrouille.
Le dimanche 23 mai 1915 — 12 heures

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20-22 mai 1915 : retour en première ligne



Le jeudi 20 mai 1915
Nous quittons le cantonnement du Claon à minuit et nous allons aux tranchées de la cote 285, secteur de gauche, où nous arrivons à 4 h. Nous sommes compagnie du centre du bataillon, nous remplaçons la 6ème compagnie du 82ème. Les tranchées allemandes sont à 60 m environ. La journée est calme et comme nous avons marché une grande partie de la nuit, nous nous reposons à tour de rôle dans la journée.

Le vendredi 21 mai 1915
Aménagement des boyaux et tranchées. Les tranchées allemandes sont trop rapprochées pour que nous puissions poser des fils de fer en avant et nous jetons simplement par-dessus le parapet des hérissons et des spirales. Les Allemands tirent continuellement dans nos créneaux et il est très dangereux de passer derrière sans se baisser. Nous tirons aussi dans leur parapet.
Le samedi 22 mai 1915
Une mine a sauté en face du 313ème ; aussitôt il se déclenche une violente fusillade et canonnade des deux côtés. Nous continuons à aménager la tranchée. Vu aéroplanes.
CARTE POSTALE

Recto :  » Souvenir d’Alsace. »

[Une Alsacienne en coiffe au pied d’un arbre porte un bouquet, la main à la bouche, l’air affable. La même en buste dans un rond, souriante. En fond, affiche : ruines romantiques d’un château rhénan. Gros bouquet tricolore à la place des branches de l’arbre. L’arbre est inclus dans l’affiche.]

Verso :

Le samedi vingt deux mai 1915

Mon cher père,

J’ai reçu hier soir une lettre d’Aimée me donnant des nouvelles de votre santé qui est toujours bonne d’après ce que je vois. Vous avez maintenant de la compagnie à la maison en la personne du soldat qui loge avec vous. Je me représente le jardin comme devant être très beau en ce moment, les rosiers doivent être couverts de fleurs. J’espère que vous pensez toujours à faire prendre l’air à mes effets, aux meubles et à ma chambre. Pensez aussi à mon complet redingote et à mon « tube », qui ont autant que le reste besoin d’air. J’espère toujours et plus que jamais reprendre bientôt tous mes effets civils, et depuis dix mois que je me vois en grande capote je ne me reconnaîtrai plus quand je serai en veston. Quel soulagement ce sera de quitter ces gros effets de drap et de pouvoir coucher enfin déshabillé, sans avoir autour du corps l’équipement et les cartouchières. Je ne me suis pas couché en chemise depuis le 2 octobre et depuis ce temps-là c’est toujours sur la terre avec plus ou moins de paille.

Enfin ça finira bien un jour ou l’autre. Vous allez bientôt commencer à soufrer, je vois d’ici tout le travail que vous allez avoir à faire et nous, nous sommes des journées entières à ne rien faire et à regarder un ennemi qui reste toujours invisible et qui ne signale sa présence que par des coups de fusil. Comment ça finira-t-il ? Personne ne peut le dire. Il fait depuis trois jours un temps très chaud et comme il n’y a plus d’arbres à l’entour des tranchées ça chauffe dur. Je vous écris cette carte dans un abri‑caverne, sous terre, et la tache qui est sur ma carte est produite par une goutte de sève qui est tombée d’une racine coupée. Vous voyez que nous sommes bien sous terre. Mon cher père, je vous prie de croire à toute mon affection. Votre fils dévoué ‑ H. Moisy

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16-19 mai 1915 : repos au Claon



Le dimanche 16 mai 1915
Je vais à la messe (+) et aux Vêpres dans l’église du Claon. Nous faisons popote entre sous-officiers et le capitaine nous invite à arroser sa décoration d’hier. Concert sur la place du Claon par la musique du 131ème.

Le lundi 17 mai 1915
Je suis de jour. La compagnie est de service et fournit la garde et les corvées. Instruction des gradés à la Maison Forestière. Vaccination. Il y a des ordres sévères de la Brigade pour nettoyer le cantonnement, les rues et les abords. Concert par la musique.
Le mardi 18 mai 1915
Le régiment fait un exercice d’attaque à la Croix-de-Pierre. Je vais en corvée avec 50 hommes à Lachalade. Le 331ème régiment d’infanterie est en tranchée au Four-de-Paris. Le 5ème bataillon est en réserve à la Sapinière et je vois plusieurs camarades que j’avais connus au mois d’août.
[Date : non indiquée, mais vraisemblablement le mardi 18 mai : la corvée est notée dans les carnets à cette date.]
Mon cher père,

Je suis toujours au repos au Claon comme je l’ai déjà écrit plusieurs fois. Par des automobilistes qui viennent plusieurs fois par jour au Claon venant des Islettes, nous pouvons nous procurer certaines petites choses, de la salade, des œufs, du beurre, du fromage, etc… Pour une fois nous sommes logés à peu près proprement mais nous n’avons presque pas de paille, enfin nous sommes à l’abri.

Aujourd’hui je suis allé avec une corvée de 50 hommes à Lachalade exécuter divers travaux. Je suis allé le tantôt jusqu’au Four-de-Paris où se trouve le 331ème, mon ancien régiment. Là, j’ai trouvé plusieurs anciens camarades du mois d’août, et nous avons été heureux de nous retrouver. Ils sont bien rares, ceux qui n’ont jamais quitté le régiment.

J’ai appris qu’il y avait un soldat de logé avec vous. Vous lui souhaiterez le bonjour de ma part, en lui disant que je préfèrerais sa caserne à la mienne.

Je me porte bien.

Je viens de recevoir un colis d’Aimée, contenant du saucisson, de l’alcool de menthe, etc…, il était en bon état.

J’ai vu tantôt Alfred Guénécheau qui est de mon âge, qui était au 331ème et que je n’avais pas vu depuis le mois d’août. Il a été blessé et il est revenu au 331ème. Il se porte bien.

Je ne vois plus rien à vous apprendre. Est-ce que vos plantes d’appartement existent toujours ? Si elles existent vous pourriez peut-être en faire une ou deux boutures pour pouvoir les renouveler. Soignez bien les ceps qui sont autour de la maison.

Je termine en vous embrassant de tout cœur. ‑ Votre fils ‑ H. Moisy
Le mercredi 19 mai 1915
M[esse] de 7 h (+). Repos toute la journée. Revue en tenue de départ à 16 h. Concert par la musique du 131ème sur la place du Claon.
CARTE POSTALE : Le Lion de Belfort . A ses pieds, un cavalier et un

fantassin de 1914 veillent, et un aéroplane traverse le ciel. –Mug 531

Mention : ‑ Qui vive ? ‑ FRANCE !
Le mercredi 19 mai 1915
Mon cher Georges,

J’attends toujours de vos nouvelles, peut-être faites-vous comme moi. Vous attendez d’être au repos pour écrire, et comme le repos ne vient pas pour vous tous les six jours, vous ne trouvez pas un instant de libre.

Aujourd’hui dernier jour de repos, je remonte ce soir à la Haute‑Chevauchée en Forêt, je ne serai pas moins de 45 jours avant de revoir un village et des habitants. Ma santé est bonne et je souhaite qu’il en soit de même pour vous. Auguste vous souhaite le bonjour. Votre travail va être augmenté avec la présence de la troupe à Bourgueil. Est-ce que vos douleurs sont guéries ? Pour les guérir, rien ne vaut la tranchée.

Bonjour affectueux de votre frère. ‑ H. Moisy

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15 mai 1915 : un homme du 113e, condamné à mort, est fusillé



Le samedi 15 mai 1915
Parade d’exécution à 7 h. On a fusillé un homme du 113ème condamné à mort par le Conseil de guerre du 5ème Corps, aux Islettes. Cette exécution a lieu près de la route de Florent et nous laisse une pénible impression. A 13 h, le général Sarrail, commandant la 3ème armée, vient au Claon remettre la Croix de la Légion d’Honneur au capitaine russe Arguieff, commandant ma compagnie (5ème), en présence de tout le 131ème. La musique joue la Marseillaise et l’Hymne russe. Défilé ensuite devant le général.

Le samedi 15 mai 1915 – 16 heures

Mon cher père,

Il paraît qu’il y a de tristes nouvelles en ce moment à Bourgueil, où j’apprends la mort ou la disparition de beaucoup d’amis. Eugénie m’avait parlé sur une de ses lettres de la mort d’Henry Deslay, de Coutureau, et elle me disait en même temps que Bourreau du 131ème avait eu la jambe coupée. J’ai appris il y a quelque temps que Bourreau est mort à l’hôpital des Islettes et il est enterré dans le cimetière de cette commune. On m’apprenait aussi hier la mort d’Henri Delaunay, de Paul Loiseau, de Clément Janin. Est-ce que c’est bien exact ? La liste s’allonge tous les jours et au retour on s’apercevra davantage de tous ces absents.

Morisseau (Gatien) de la Croix-Pèlerin me disait hier qu’il y avait environ 300 soldats cantonnés aux environs de la Croix-Pèlerin et que sa mère logeait des officiers. S’il en est ainsi peut-être qu’il y en a aussi de cantonnés aux Averris et peut-être que vous en avez à loger, vous me préviendrez ou me ferez prévenir de ce qu’il en est.

Les journaux de ces derniers jours nous apprennent des succès aux environs d’Arras. De mon côté tout est comme au 2 octobre, absolument les mêmes emplacements. Je crois que nous ne pourrons avancer qu’après que les ailes auront avancé.

Je me porte toujours bien ici, au Claon. Je trouve des œufs à volonté, à 2.10 F la douzaine, je fais des œufs sur le plat tous les jours, et je m’en régale.
J’assiste le soir, dans l’église du Claon aux exercices du Mois de Marie.

Agréez, mon cher père, l’expression de ma plus vive affection.

(Pas de signature)

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