15 mai 1915 : un homme du 113e, condamné à mort, est fusillé



Le samedi 15 mai 1915
Parade d’exécution à 7 h. On a fusillé un homme du 113ème condamné à mort par le Conseil de guerre du 5ème Corps, aux Islettes. Cette exécution a lieu près de la route de Florent et nous laisse une pénible impression. A 13 h, le général Sarrail, commandant la 3ème armée, vient au Claon remettre la Croix de la Légion d’Honneur au capitaine russe Arguieff, commandant ma compagnie (5ème), en présence de tout le 131ème. La musique joue la Marseillaise et l’Hymne russe. Défilé ensuite devant le général.

Le samedi 15 mai 1915 – 16 heures

Mon cher père,

Il paraît qu’il y a de tristes nouvelles en ce moment à Bourgueil, où j’apprends la mort ou la disparition de beaucoup d’amis. Eugénie m’avait parlé sur une de ses lettres de la mort d’Henry Deslay, de Coutureau, et elle me disait en même temps que Bourreau du 131ème avait eu la jambe coupée. J’ai appris il y a quelque temps que Bourreau est mort à l’hôpital des Islettes et il est enterré dans le cimetière de cette commune. On m’apprenait aussi hier la mort d’Henri Delaunay, de Paul Loiseau, de Clément Janin. Est-ce que c’est bien exact ? La liste s’allonge tous les jours et au retour on s’apercevra davantage de tous ces absents.

Morisseau (Gatien) de la Croix-Pèlerin me disait hier qu’il y avait environ 300 soldats cantonnés aux environs de la Croix-Pèlerin et que sa mère logeait des officiers. S’il en est ainsi peut-être qu’il y en a aussi de cantonnés aux Averris et peut-être que vous en avez à loger, vous me préviendrez ou me ferez prévenir de ce qu’il en est.

Les journaux de ces derniers jours nous apprennent des succès aux environs d’Arras. De mon côté tout est comme au 2 octobre, absolument les mêmes emplacements. Je crois que nous ne pourrons avancer qu’après que les ailes auront avancé.

Je me porte toujours bien ici, au Claon. Je trouve des œufs à volonté, à 2.10 F la douzaine, je fais des œufs sur le plat tous les jours, et je m’en régale.
J’assiste le soir, dans l’église du Claon aux exercices du Mois de Marie.

Agréez, mon cher père, l’expression de ma plus vive affection.

(Pas de signature)

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Une réponse à 15 mai 1915 : un homme du 113e, condamné à mort, est fusillé

  1. pponsard dit :

     » je fais des oeufs au plat tous les jours et je m’en régale… », brave sergent Moisy, il a bien raison c’est très nutritif, et puis dans les tranchées on n’a pas le temps d’avoir du cholestérol… Et puis mourir avec ou sans hypercholestérolémie ça ne change pas grand chose finalement …
    D’ailleurs à l’époque on ne s’inquiétait guère de son taux de HDL ou de LDL, et c’est une préoccupation du corps médical relativement récente…

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