5 août 1914 : Les dernières familles expulsées quittent leur ferme, leur maisonnette en pleurant



5 août 1914 Grande-Colombière

Je passe mon temps, assis sur le talus de la route de Razimont.

Les dernières familles expulsées quittent leur ferme, leur maisonnette en pleurant. Elles emportent de pauvres petits bagages, hâtivement chargés sur des brouettes, des voitures d’enfant.

Le temps est superbe.

D’heure en heure des cyclistes passent, porteurs de nouvelles magnifiques : les troupes du général Bataille occupent Munster. Garros se serait sublimement dévoué en se jetant sur un zeppelin qu’il a anéanti. On parle beaucoup des zeppelin, de Garros, de Védrines1… Le zeppelin voilà l’obsession du jour.

Je monte au fort de Razimont voir un malade. Au moment où j’y arrive on entend le canon tonner, loin, très loin. Un arc-en-ciel se développe, magnifique, du côté de l’Alsace, encadrant la sentinelle qui veille à l’un des angles du fort. Image empoignante.

On voit, placardé un peu partout, le Message du Président Poincaré à la Nation. Les troupiers le lisent, le commentent avec joie et confiance.

1 Garros, Védrines : aviateurs, amis de son frère René Bedel.

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