4 août 1914 Grande-Colombière
Je suis allé aux nouvelles, à Epinal. Rien. Des bruits, des bruits… Il paraît que l’Allemagne nous a déclaré la guerre, que son ambassadeur a quitté Paris. Il paraît qu’un violent combat se livre au col du Bonhomme.
Je rencontre des infirmières de la Société de secours aux Blessés militaires1 : Mlle Renée Voisin, Mme et Mlle Féraud, dix autres ; elles transforment en hôpitaux les collèges, lycées et orphelinats. Les voilà déjà populaires : les militaires les saluent dans la rue !
On vient de fusiller un photographe d’Epinal.
Un sous-officier se suicide d’un coup de revolver. C’était un candidat- officier d’administration…
Je regagne la Grande-Colombière, découragé par cette absence systématique de nouvelles.
- 5 heures-
Un médecin nous apporte des nouvelles qu’il dit officielles : les Allemands ont déclaré la guerre, donc l’Italie ne marcherait pas. Le président de la Jeunesse Alsacienne, Samain, et son frère ont été fusillés par les Allemands. L’ennemi a violé la neutralité de la Belgique. Des escarmouches sont signalées un peu partout, surtout du côté de Cirey, de Belfort où des troupeaux ont été razziés en territoire français. Des navires allemands ont bombardé Bône et Philippeville.
1 Bedel, en tant que médecin, avait donné avant la guerre des cours aux femmes de la bonne société parisienne, pour qu’elles puissent soigner les blessés en cas de guerre.