Archives de l’auteur : Laurent

14 octobre 1917. L’Aisne, le Styx. Ne passez pas la rivière, vous restez chez les vivants.

14 octobre 1917. Villers-Cotterets
L’Aisne, le Styx.
Ne passez pas la rivière, vous restez chez les vivants.
Voici la petite fille de la garde-barrière de Corcy qui recueille au creux de sa main les graines sèches des volubilis.
Dans Longpont, deux filles aux joues roses rient, accoudées au balcon de l’épicerie. L’eau morte de l’étang […]

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11 octobre 1917. On pourrait fort bien cesser de s’entre-tuer par un si beau jour d’automne

11 octobre 1917. Condé-sur-Aisne
On pourrait fort bien cesser de s’entre-tuer par un si beau jour d’automne…
On pourrait se dépêcher, entre combattants, de mutuels ambassadeurs de paix : quelques beaux peupliers dorés, graves et distingués comme des vicomtes de Chateaubriand. Les Français enverraient les peupliers de l’Aisne, les Allemands ceux de l’Ailette. La conversation se tiendrait […]

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8 octobre 1917. La pluie est plus forte que l’homme

8 octobre 1917. Soissons
Mais la pluie est plus forte que l’homme. Elle éteint le feu le plus puissant. Elle noie les courages ; et son torrent entraîne les plans des plus grands généraux.
Ainsi le culte idolâtrique dont les foules niaises entourent le Gros Canon ne résiste pas à la réalité d’une silencieuse et obstinée petite […]

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6 octobre 1917. Dans la nuit et dans la pluie, la canonnade prend de l’ampleur

6 octobre 1917. Soissons
Dans la nuit et dans la pluie, la canonnade prend de l’ampleur. Le grand roulement du Feu Roulant ébranle la terre et les airs.
La bataille commence.
Terrible est la bataille qui commence.
Tout est terreur. Toute bonté semble à jamais bannie du monde.
Tout est écrasement : dos rond et genoux ployés, […]

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3 octobre 1917. Elles n’iront plus aux noisettes les jeunes filles de Condé, il n’y a plus de noisetiers à Chantereine

3 octobre 1917.  Condé-sur-Aisne
La région abonde en petites vallées romantiques de la qualité romanesque de celle de la Quincy. Bien des noms sont tout un joli conte : ferme de la Colombe, la Croix-sans-Tête, Chantereine, Malvoisine, L’Ange Gardien, la Fosse Tobise, la Tontinette…
Dieu ! tous ces jolis bois sont hachés menu, toutes ces prairies grasses […]

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24 septembre 1917. La Poussière règne. Elle domine la scène.

24 septembre 1917.  Soissons
Le Prologue.
La Poussière règne. Elle domine la scène. Il n’est plus besoin de bleu horizon, de camouflages, de simili-prairies, de simili-buisons, de simili-canons. La Poussière a mis le pays comme les hommes à sa livrée, qui, comme chacun sait, est de cette teinte indéfinissable que l’on appelle « gris poussière ». La […]

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23 septembre 1917. Tout est tonnerre et foudre. Il pleut des tuiles. Il pleut du fer. Il pleut des poutres.

23 septembre 1917. Soissons
Presque chaque nuit, dans le tout petit jour couleur de fumée jaune, un chant ténu, pas même de la valeur du « chant » d’un moustique, tire le dormeur de son sommeil. C’est le Mauvais Oiseau de Nuit qui plane sur la ville. Tout était calme : les corneilles dormaient dans la tour de la […]

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20 septembre 1917. Sur l’Aisne, rivière molle, glissent des canonnières ornées de canons au museau allongé

20 septembre 1917. Soissons
Sur l’Aisne, rivière molle, glissent des canonnières ornées de canons au museau allongé. Parmi les roseaux, sous les peupliers et les saules, elles s’arrêtent, silencieuses. Et leur silence en dit long. Elles sont « camouflées », autrement dit leur revêtement extérieur imite, à ne pas s’y méprendre, la verdoyance des rives du fleuve.
Les […]

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16 septembre 1917. Aujourd’hui, pendant deux heures, une pièce de 240 a bombardé la gare de Soissons

16 septembre 1917. Soissons
Aujourd’hui, pendant deux heures, une pièce de 240 a bombardé la gare de Soissons. Des rails ont été soulevés, tordus et projetés, des pavés ont giclé en des trajectoires de 200m, des hommes ont eu la peau quelque peu trouée et, bien entendu, c’est l’hôpital d’évacuation, l’H.O.E., voisin de la gare, qui […]

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13 septembre 1917. Des hommes gantés de caoutchouc font à l’entrée d’une carrière une besogne minutieuse

13 septembre 1917. Cote 132
Des hommes gantés de caoutchouc font à l’entrée d’une carrière une besogne minutieuse… J’entends : « voici la main gauche… pas d’alliance… Dans le porte-monnaie, 0,fr 85 en billon et une pièce de quarante sous… on trouve deux têtes auprès du tronc… Laquelle faut-il mettre dans le sac ?… »
Ces nécrophores sont en besogne […]

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