23 septembre 1917. Soissons
Presque chaque nuit, dans le tout petit jour couleur de fumée jaune, un chant ténu, pas même de la valeur du « chant » d’un moustique, tire le dormeur de son sommeil. C’est le Mauvais Oiseau de Nuit qui plane sur la ville. Tout était calme : les corneilles dormaient dans la tour de la cathédrale, le défilé nocturne de l’artillerie et des camions était terminé. La paix du Seigneur enveloppait l’esprit des guerriers endormis. Et voilà qu’il apparaît une fois de plus que nous dormions sur un volcan. La ville entière est soudain secouée par les explosions les plus violentes ; tout est tonnerre et foudre. Il pleut des tuiles. Il pleut du fer. Il pleut des poutres. Quatre torpilles coup sur coup déchaînent ce cataclysme. De tous côtés les batteries crachent feu et mort contre l’invisible voyageur aérien. La petite chanson légère du moteur rit avec malice. Et le Mauvais Fantôme des Nuits de Guerre continue de jeter sur nous ses bouteilles pleines de Destruction.