10 août 1918 : le bras, ça va mais la main me fait souffir

Le samedi 10 août 1918
Je quitte l’ambulance d’Ognon à 9 h et je vais embarquer à 10 h à Senlis, en train sanitaire avec couchettes. Nous sommes environ 200 blessés et nous sommes évacués sur un centre de fractures. J’ai mon bras droit dans le plâtre. Nous passons à Creil, Achères, Saint-Germain-en-Laye, Versailles, Saint-Cyr, Rambouillet, Epernon, Maintenon. Nous débarquons à Chartres à 21 h. On nous emmène tous à l’hôpital 10/11, Lycée Marceau.

Chartres 14 août 1918
Mon cher père
Vous avez dû apprendre par une lettre que j’adressais à Eugène le 11 que j’étais arrivé dans un hôpital de Chartres. Voila le 4ème jour que j’y passe et n’on y est pas très bien.
Mon bras qui avait été pansé quand j’ai quitté l’ambulance n’a pas encore été pansé ici, le médecin profite que mon bras est dans le plâtre pour y laisser le plus longtemps possible. Il ne me fait pas grand mal d’ailleurs, c’est toujours la main qui me fait le plus souffrir et pourtant elle n’a rien directement, mais ce sont les nerfs qui y correspondent qui sont atteints.
J’ai bon appétit et je mange bien. Je ne reste pas au lit pendant le jour, je circule dans la salle et dans la cour en attendant de circuler dans la ville.
Pour passer le temps je lis des journaux et des livres. Je n’écris pas autant que je le voudrais car c’est difficile d’écrire de la main gauche. Il fait très beau temps ici.
Mon cher père, je vous embrasse affectueusement.
Votre fils ‑ H. Moisy