Le jeudi 15 août 1918
Un aéroplane allemand vient survoler Chartres à 23 h et jette plusieurs bombes, tuant trois personnes.
Chartres 17 août 1918
Mon cher père,
J’ai reçu hier et ce matin deux lettres d’Eugène, me disant votre intention de venir me voir à l’hôpital. Je ne vous aurais pas demandé cette faveur, n’étant pas assez gravement atteint pour vous imposer un aussi long voyage, mais puisque vous vous offrez à vous déplacer je dois vous dire que je serai très heureux de vous voir. Je vous adresse aujourd’hui à cet effet une carte postale spéciale, signée du médecin, qui vous permettra de voyager à prix réduit, ¼ de place.
Les visites sont autorisées tous les jours de 10 heures à la nuit, vous pourrez donc venir quand il vous plaira et le jour qui vous dérangera le moins. Choisissez de préférence entre le samedi 25 et le jeudi 30 août, n’importe quel jour compris entre ces deux dates, le 25 et le 30 compris. Je vous recule jusqu’au 25 pour me donner le temps de me fortifier et de pouvoir me promener avec vous dans la ville. Si vous choisissez un jour, vous pourrez me le dire avant. J’aurais besoin de plusieurs choses que vous pourrez m’apporter en venant. Je vous les indiquerai dans une autre lettre, quand j’aurai examiné tout ce qui me manque. Peut-être y aura-t-il aussi quelques raisins. Je crois que je n’irai pas à Bourgueil tout à l’heure et je ne profiterai pas de mes belles treilles.
On a fait mon pansement hier après 7 jours, ça n’a pas été facile d’enlever le plâtre et ça m’a fait bien du mal. Les plaies vont bien, elles étaient si grandes qu’il y a encore de grands trous.
A bientôt donc. Je vous écrirai ces jours-ci en vous donnant les détails de ce qui me ferait plaisir. Vous ne saurez jamais combien je fatigue pour écrire deux pages de la main gauche, avec la souffrance de mon bras droit en plus. Bonjour à toute la famille.
Je vous embrasse.
Votre fils. H. Moisy