11-14 juillet 1918 : nous en avons terminé avec cette période de tranchées pénible



Le jeudi 11 juillet 1918
Nuit calme dans notre secteur ; nous entendons toujours les Allemands piocher et voiturer en face de nous. Violent bombardement vers la Champagne. Le 57ème vient encore voir nos emplacements, ainsi que la 23ème compagnie. Nous nous attendions à la relève hier soir mais elle n’a pas eu lieu. Nous sommes relevés à minuit par la 23ème compagnie. Nous allons en réserve vers la Fontaine-Ferdinand, à l’est de la route. Le sergent Delidais rentre de permission.
Le vendredi 12 juillet 1918
En passant au Ravin-Vert, nous reprenons nos sacs. Nous arrivons à trois heures aux emplacements de réserve, dans des abris à mi-pente. Nous allons reconnaître des emplacements de combat en cas d’alerte. Le 5ème bataillon bivouaque dans le bois sous les tentes individuelles. Le 144ème d’infanterie vient voir nos abris et doit venir nous y remplacer demain, il est actuellement en ligne à Bolante.
12 juillet 1918

Mon cher père,

Nous avons terminé cette nuit une période de tranchées assez pénible pendant laquelle, durant six jours, nous n’étions pas très heureux. C’est terminé aujourd’hui et, revenus dans les grands bois un peu en arrière, nous allons nous remettre un peu et nous procurer du sommeil qui nous manquait vraiment. Car nous n’étions pas couchés bien longtemps par jour et pendant le temps que nous sommes couchés, les rats et les poux nous rendent le sommeil bien difficile.

Le temps est rafraîchi, il a plu un peu cette nuit.

Vous devez être bien fatigué aussi par ces grandes chaleurs et par les grands travaux de la saison.

Je me porte toujours bien.

Agréez mes affectueuses salutations. Votre fils ‑ H. Moisy
Le samedi 13 juillet 1918
Nous avons repos toute la nuit et toute la journée. Nous sommes remplacés à 19 heures par le 3ème bataillon du 144ème. Je vois dans ce bataillon l’adjudant Vivien, le sergent-major Mesplomb, le sergent Calype, que j’avais connus à Choisy[-en-Brie]. Nous quittons la Fontaine-Ferdinand et nous passons au camp des Petits-Bâtis, à Florent, au camp de Dubiefville, nous arrivons au camp de Florent II à 21 h. La 21ème et la 22ème compagnie y sont cantonnées dans des baraques Adrian. La 23ème compagnie et la C[ompagnie de] M[itrailleurs N° ]6 sont au camp de Dubiefville. Le camp où je suis est à 3 km de Florent et à 4 km de Sainte-Ménehould. Nous entendons la canonnade la nuit, c’est la cinquième nuit de bombardement vers la Champagne.
Le dimanche 14 juillet 1918
M[esse] à 9 h au camp par le sous-lieutenant Grillet. Repos toute la journée. Amélioration de l’ordinaire à l’occasion de la Fête Nationale. A 20 h 30, nous quittons le camp de Florent II et nous devons aller au repos à Ville-sur-Cousances à pied, en passant par Florent, Le Claon, Le Neufour, Les Islettes, Clermont-en-Argonne, Auzéville. Nous avons laissé nos sacs qui seront transportés en camions. Nous avons le paquetage d’assaut. Tous les villages que nous traversons sont déserts, ayant été évacués par ordre il y a quelques jours. En passant aux Islettes à 23 h je vais visiter les tombes de Lucien Boireau et d’Edouard Bourreau, que j’avais vues en 1915.

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