20 – 24 décembre 1917 : à 6 km des lignes (de front), c’est plutôt tranquille



Le jeudi 20 décembre 1917
Je suis de jour. Travaux matin et soir aux mêmes emplacements. Le repas de midi est pris sur le terrain, amené par la cuisine roulante. Des officiers du génie font le tracé que doit suivre le réseau.


CARTE OFFICIELLE couleur Bulle

Recto : »Correspondance des Armées de la République ‑ Carte en Franchise

Modèle A² pour les soldats au dépôt du corps ou à demeure dans une localité. Etc…etc… »

Expéditeur : Moisy Henri

Sergent

Bataillon n° 2 du 144ème d’Infanterie secteur 79

Verso : « Cette carte doit être remise au vaguemestre. Elle ne doit porter aucune indication du lieu d’envoi ni aucun renseignement sur les opérations militaires passées ou futures. S’il en était autrement, elle ne serait pas transmise »

Jeudi 20 décembre 1917

Mon cher père,

Je suis revenu lundi soir dans le pays où j’étais en février. Je l’ai retrouvé comme je l’avais quitté, tout couvert de neige. Quoiqu’à 6 km des lignes nous sommes bien tranquilles et je me trouve aussi heureux qu’à Ch[oisy]. Mardi dernier il est tombé des obus dans un village voisin, à 2 km. Nous voyons le soir des fusées éclairantes au dessus des lignes et nous entendons les coups de fusil. C’est la guerre un peu plus que dans la Brie. Nous sommes assez bien logés dans des caves. C’est humide mais ce n’est pas froid. Le temps est toujours couvert et neigeux. Je me porte bien.

Salutations affectueuses. ‑ Votre fils H. Moisy
Le vendredi 21 décembre 1917
Mêmes travaux matin et soir. Nous voyons beaucoup d’aéroplanes français et allemands. Le temps est clair et très froid. Il y a une forte couche de neige et nous avons continuellement froid aux pieds. Canonnade assez intense vers Reims. Il y a, cantonnées à Verzy, des troupes qui reviennent des tranchées du secteur d’en face : La Pompelle, Prosnes, Prunay. Le sergent Calipe va tous les jours à la gare de Germaine pour le ravitaillement des deux compagnies.
Le samedi 22 décembre 1917
Travaux matin et soir. Je reste au cantonnement toute la journée. Je me fais photographier. Vu quatre saucisses françaises et beaucoup d’aéros et de Taubes. Les Allemands tirent une cinquantaine d’obus sur Verzenay à 20 h. A 22 h, ils envoient une vingtaine d’obus sur Verzy et un obus tombe sur une baraque en bois qui servait de cantonnement à une section du 7ème colonial, il y a deux tués et treize blessés. Tous les coloniaux qui cantonnaient dans ces baraques viennent se mettre à l’abri dans la cave où nous sommes ; il y vient aussi des civils, des femmes et des enfants.
Le dimanche 23 décembre 1917
Nous allons travailler toute la journée, nous avons vu une trentaine d’aéroplanes français et allemands. A 24 h, les Allemands bombardent encore Verzy. Des civils viennent se mettre à l’abri dans la cave Mumm. Il n’y a pas eu de victime cette fois-ci.
Le lundi 24 décembre 1917
Travaux matin et soir. Il tombe un peu de neige. Il y en a toujours une couche épaisse sur le sol et il fait très froid. Il y a du verglas sur toutes les routes et on circule difficilement.

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