Le mardi 25 décembre 1917
Je suis de jour. Il n’y a pas de travail aujourd’hui à l’occasion de la fête de Noël. Bains-douches le matin, revues de propreté le soir. Je vais à la messe et aux vêpres à l’église de Verzy. Bombardement vers Reims à 17 h. De la crête de Verzy on aperçoit dans la vallée de la Vesle les villages de Beaumont-sur-Vesle, Wez, Thuisy[Val-de-Vesle], Courmelois, les Petites-Loges, Villers-Marmery, la grand’route de Chalons[-sur-Marne] à Reims, le canal de l’Aisne à la Marne. On ne voit pas Reims.
Mardi 25 décembre 1917
Mon cher père,
Pour un jour de Noël il est tombé de la neige une partie de la journée. La messe de minuit a été célébrée dans une cave à cause du bombardement qui a lieu surtout la nuit. Comme j’étais de service je n’ai pas pu y assister. J’ai pu m’échapper une heure ce matin pour aller à la messe de 10 h dans l’église de V… et ma journée s’est passée dans la cave où je loge. Comme je me trouve à environ 80 m de l’ouverture il faut de la lumière jour et nuit. C’est un inconvénient qui a un avantage, car nous n’avons jamais froid à l’intérieur. Et puis nous ne craignons pas le bombardement. Plusieurs fois par semaine, en pleine nuit, les civils viennent nous trouver quand il tombe des obus. C’est impressionnant de voir arriver les vieillards, les femmes et les enfants qui accourent tout échevelés. Il y a environ 600 soldats dans ces caves et on pourrait s’y mettre plus. Nous travaillons de 7 h du matin à 5 h du soir, les pieds dans la neige. Et à déjeuner nous mangeons dehors sans feu. Par exemple, le soir, nous faisons un bon repas dans une chambre bien chaude. Je suis un peu enrhumé en ce moment-ci. S’il ne faisait pas si froid nous serions bien ici.
Agréez mes salutations affectueuses. Votre fils H Moisy