20 mai 1917.
J’entre à l’hôpital 108.
C’est-à-dire que j’entre au Séminaire. Par de longs couloirs sonores on me conduit vers la chambre qui m’est destinée. Elle s’appelle « Les Séraphins » comme la voisine s’appelle « Bienheureuse Hortulane ». Il y règne une odeur de buis béni. Deux chaises, un très petit lit, une table de toilette minuscule avec sa cuvette grande comme un bol. Au-dessus de la toilette cette inscription : « EN LUI TOUT EST PARFUM ». Oui, mais… ces parfums d’acacias et de seringas qui pénètrent par la fenêtre ! Ah ! les tentateurs… Pauvre petit séminariste de vingt ans pris entre ce parfum et ces parfums !
Mon infirmière est forte en chair et forte en couleurs. Et puis elle est forte aussi en médecine : elle appelle le cerveau l’encéphale et la fatigue de l’asthénie. Ça, c’est pour me plaire car je suis médecin.
Mon médecin s’appelle Ménard et il est de Château-Gontier. Il se frotte les mains ou se caresse la barbe en vous parlant. Il semble réfléchir à de vastes problèmes pathologiques et termine sa consultation en disant : « Je vois ce que c’est.» Et il se tourne vers l’infirmière : « Pour Monsieur Bedel 25 centigrammes d’aspirine matin et soir.» Il a vu ce que c’était !
(Bedel laisse 2 pages blanches – probablement revient-il à la Genauraie, avant de repartir en août-)
contrôle après sa » convalo » ?
Il n’explique pas pourquoi il se retrouve à nouveau dans un établissement hospitalier..