6 au 8 février 1917. Meknès
Des fleurs. Enfin et déjà des fleurs ! Les vallons étroits qui creusent les bords du plateau de Meknès sont fleuris d’une forêt de seilles rosées où disparaissent les petits bourricots qui vont trottinant sous leur fardeau de légumes, de fagots ou de sable. Au pied des seilles, dont les tiges légères se balancent, sont blottis en bouquets serrés les iris bleus qui sentent la violette. Tant de fleurs ! Et pourtant il fait froid. On ne sait comment se chauffer dans ces maisons arabes qui sont des maisons pour le soleil. Chez le colonel Pocqmiran, qui habite un petit palais de mosaïques et de lambris fleuris, où je déjeune souvent, on se groupe après le repas autour d’une cheminée où brûlent trois bûches d’olivier. C’est devant ce foyer que je lie connaissance avec Tranchant de Lunel, directeur des Beaux-Arts au Maroc, et l’homme le mieux avisé du monde pour les choses du bon goût.
On sent l’ami MB proche de sombrer dans les délices de Capoue à Miknassa la belle…
Comment résister au charme du disert et avisé Tranchant de Lunel et à un bon feu de cheminée où brûlent trois bûches d’olivier ?