23-24 août 1916. Schluchtmatt
Peu de blessés. Des méridionaux du 253ème, geignards et exagérés, qui poussent des cris gutturaux à la vue de mon bistouri et de mes pinces. […] Surtout des blessés par crapouillots. A Ampfersbach le crapouillotage continue assez violent. Je vois les ruines lamentables de ce joli village s’effondrer chaque jour davantage. Il reste une maison, une jolie maison en granit, qui tient debout. Elle est exaspérante cette maison. Elle se trouve du côté allemand et depuis un an les obus français s’acharnent à sa destruction sans y parvenir. Ce sont les vergers d’alentour qui en pâtissent. La guerre de tranchées au milieu des cerisiers. Cela ne se conçoit pas. Et pourtant cela est. Ils m’arrivent de sous les cerisiers, ces blocs de boue et de sang qui se révèlent êtres humains par la plainte de leur voix.