30 décembre 1915
On s’est battu aujourd’hui furieusement à notre droite, vers l’Hartmanns- willerkopf. La canonnade a pris une intensité extraordinaire, qui me rappelait les grands jours de la Champagne et des Eparges. Que se passe-t-il ? Des bruits sinistres circulent ce soir, sur nos crêtes : l’ennemi aurait pénétré dans nos lignes et serait arrivé aux lisières de Thann… que croire ? Ce qui parait vraisemblable est souvent si absurde !
Ce soir, dans la nuit pluvieuse, le canon tonne sans arrêt. Ses lueurs éclairent mon chemin quand, après le dîner, je regagne ma cabane. Notre secteur, agité cet après-midi du côté du Bonhomme, est calme à présent. On n’entend que les coups de feu espacés des sentinelles de Metzeral. Mais on sent que l’orage est terrible derrière l’Hilsenfirst tout illuminé par la canonnade.*