27 septembre 1915. Dans la tempête et dans la pluie il arrive jusqu’à nous des bruits de victoires.



27 septembre 1915. Schmargult

Dans la tempête et dans la pluie il arrive jusqu’à nous des bruits de victoires.

Ce sont d’abord les journaux du 26 qui nous donnent les communiqués du 25. On y lit : Nos troupes opérant en liaison avec l’armée britannique ont prononcé au nord d’Arras une attaque énergique qui leur a permis de prendre pied sur plusieurs points de lignes ennemies…

En Champagne, après un nouveau et très violent bombardement des tranchées, abris, blockhaus et batteries ennemis, nos troupes d’infanterie sont parties à l’assaut des lignes allemandes entre la Suippe et l’Aisne. Les premières positions adverses ont été occupées sur la presque totalité du front d’attaque. Notre progression se poursuit.

Cela se passe donc dans ce bon vieux secteur des Hurlus. L’assaut que nous avons donné à la cote 196 n’aura pas été vain… Nous y avons tous laissé un peu de notre sang. Nous y avons laissé aussi, hélas ! de chers amis dont les ombres, j’en suis persuadé, participent à l’assaut vainqueur qui a commencé avant-hier.

D’autres nouvelles nous arrivent. Notre ravitailleur a lu à Gérardmer un communiqué dans lequel on parle de 15 ou 20.000 prisonniers et de 30 canons pris. Dans son exaltation notre brave canonnier ajoute que Lille évacuée est en flammes… Tout porteur de bonnes nouvelles est en proie à un délire d’exagération très humain. Et celui qui accueille les dites bonnes nouvelles est lui-même dans un état de crédule réceptivité que j’ai ressenti au début de la guerre et dont je me défie terriblement maintenant. Toujours est-il qu’une importante offensive est déclenchée depuis deux jours, depuis … que la Bulgarie a jugé bon de mobiliser contre la Serbie. Quelle salade ! Et de quel sang elle est arrosée !

En Alsace, calme plat au milieu de bourrasques véhémentes. Ce n’est pas ici le pays d’une grande offensive. Je n’ai qu’à voir les difficultés de notre ravitaillement : les vivres dans des sacs de toile et le vin dans des petits tonneaux sont montés de Gérardmer au Hohneck par le tram à vapeur et le tram électrique, lequel est bombardé chaque jour. Du Hohneck le tout nous est apporté à dos de mulet, à la nuit tombante. Quelles doivent être, par conséquent, les difficultés à surmonter pour ravitailler les tranchées du Schratzmaenel, de l’Ilienkopf, de l’Hilsenfrirst !

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Une réponse à 27 septembre 1915. Dans la tempête et dans la pluie il arrive jusqu’à nous des bruits de victoires.

  1. GUILLOTEAU,Michel dit :

    Maurice BEDEL ne croit pas trop à la propagande officielle – Il n’est question que des pertes ennemies, alors que lors d’une attaque tout le monde sait que c’est parmi les assaillants, à découvert et fauchés par les rafales de mitrailleuses, qu’il y avait le plus de victimes.
    Les pauvres ne savaient pas qu’il leur restait encore TROIS longues années a souffrir…..

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