28 septembre 1915. Schmargult
Pour tuer l’impatience qui me dévore de savoir ce que devient l’offensive commencée, je descends vers Metzeral par les pentes, du petit Hohneck, du Schiessroth (où je reçois deux shrapnells de 77… sans résultat) et les lacets qui descendent sur le petit lac rond du Schiessrothried Weiher. Le site est magnifique. A peine quelques sapins brisés par les obus, quelques débris de vareuses, de bérets, de bandes molletières, quelques tombes de Français et d’Allemands fleuries par les soins des bons territoriaux que je trouve là occupés à la construction d’un câble aérien. Je descends au pied des magnifiques à-pic qui s’appellent Die Spitze Köpfe et j’arrive au minuscule lac du Fischbodle où prennent naissance, creusées par une cascade fantastique, les gorges de la Wurmsa. A partir de là le chemin, en plein jour, devient dangereux. On est sous les yeux des artilleurs boches de l’Ilienkopf. Et dans le silence impressionnant des points dangereux je reviens sur mes pas. La nuit, ce long sentier mûletier voit passer les interminables caravanes de mulets qui vont ravitailler Metzeral et les tranchées d’alentour.
Quand j’arrive à la nuit tombante à Schmargult je trouve les journaux d’hier et leurs communiqués merveilleux.*