24 septembre 1915. Schmargult
A la tombée du jour, au-dessus des montagnes roses et des vallées déjà violettes plusieurs biplans s’élèvent, prennent lentement de la hauteur, lourds probablement des obus qu’ils emportent et soudain piquent vers Colmar. Ils sont immédiatement salués d’un feu de shrapnells d’une intensité que je n’avais jamais vue. Chacun d’eux se trouve pris dans des centaines d’éclatements, dont les flammes illuminent le ciel. Et puis peu à peu le feu d’artifice devient lointain… Les biplans filent, comme indifférents à ce déchaînement d’artillerie. Où vont-ils ? Vers quelque gare, quelque embranchement ou bien quelque palais royal comme celui de Stuttgard bombardé avant-hier.
La région est toujours plongée dans le plus grand calme. Ce serait de la Landsturm qui occuperait actuellement la crête du Linge. Au-dessus de Metzeral, dans les tranchées de l’Ilienkopf, calme absolu. A peine de temps à autre quelques coups de feu, quelques « ploploplo » de mitrailleuses.
Seuls les avions sont actifs. Dès six heures, le matin, les avions allemands survolent nos lignes. Les batteries anti-aéronefs entrent en jeu. Des centaines d’obus sont tirées. Jamais un appareil n’est abattu. Et cet exercice dure jusqu’au soir.[…]