17-21 juillet 1915 : après quelques jours d’animation extraordinaire, le calme est revenu



Le samedi 17 juillet 1915
Journée très calme. Pas de fusillade ni de bombardement. Les travaux se poursuivent activement. Les soldats Gouillon et Mesnil ont été tués par des obus. Mauvais temps, pluie et vent.


Le dimanche 18 juillet 1915
Journée très calme. D’un côté et de l’autre nous sommes occupés à l’organisation des nouvelles positions. J’ai vu un Allemand à 50 m en avant de nos tranchées, qui venait inspecter nos positions. Tous les hommes de ma section sont logés dans des abris assez bons, et à l’abri de la pluie. Nous n’avons pas eu trop à souffrir du bombardement. Vu plusieurs aéros et Taubes au-dessus de nous. Temps beau et nuageux.
Le lundi 19 juillet 1915
Fusillade à 5 h. Le reste de la journée a été calme. Plusieurs aéros et Taubes se sont poursuivis au-dessus des lignes. Beau temps.
Lundi dix neuf juillet 1915 – 14 heures

Mon cher père

Après quelques jours d’animation extraordinaire le calme est revenu sur notre front et nous avons repris notre vie habituelle de tranchées, mais dans des tranchées toutes neuves que nous avons faites à 400 mètres en arrière de celles que nous avions auparavant. Nous ne voyons pas encore les tranchées des Allemands qui se trouvent en face de nous, le bois étant très garni à cet endroit.

Après plusieurs jours de très mauvais temps, le beau temps est revenu et il fait une journée superbe alors aujourd’hui. Il n’est pas trop tôt, nous étions dans l’eau et dans la boue comme cet hiver. Voilà douze jours entiers que nous sommes en première ligne et nous ne dormons pas beaucoup, il n’est pas trop tôt que nous allions au repos pour nous reposer et nous nettoyer. J’ai appris que vous ne logiez plus de soldat depuis quelque temps.

La moisson doit être commencée à Bourgueil et vous allez avoir encore beaucoup de travail pendant quelque temps.

Mon cher père, je vous envoie un baiser affectueux.

Votre fils qui vous aime ‑ H. Moisy
Le mardi 20 juillet 1915

A 3 h j’ai vu plusieurs Allemands qui apportaient des chevaux de frise en avant des tranchées qu’ils creusent auprès d’un arbre coupé. Ils s’avancent en rampant dans l’herbe qui est touffue à cet endroit. Avec ma jumelle je remarque tous leurs mouvements. Nous faisons un feu de salve dans cette direction. Le colonel est passé dans les tranchées pour inspecter les nouvelles positions. Vu aéros et Taubes. Beau temps.
Mardi 20 juillet 1915 – 14 heures

Chère Eugénie,

La situation est calme en face de moi. Tu as pu voir, il y a deux ou trois jours, qu’il y avait eu deux attaques allemandes au Ravin des Meurissons. Ce ravin se trouve à 500 m à ma droite, et est occupé par l’ennemi. D’où je suis, sur le plateau, je domine ce ravin et je n’en vois pas le fond, à cause du bois. Tous les jours, je vois quelques Allemands qui travaillent à environ cent mètres devant nous, dissimulés dans le bois et l’herbe. Nous ne les voyons pas longtemps, dès qu’ils nous ont aperçus, ils disparaissent. Ils organisent les nouvelles positions qu’ils ont conquises.

Le temps est très beau, ma santé excellente. Ma chère Eugénie, je t’embrasse de tout mon cœur.

Ton frère, H. Moisy
Le mercredi 21 juillet 1915
Nous voyons toujours les Allemands travailler en avant de nous. Le 75 les fait cesser de temps à autre, mais ils reprennent de plus belle, ils semblent vouloir arriver à organiser une tranchée à la crête d’où ils découvriront tout le plateau. Ma section change de secteur et va plus à droite. Fusillade à 22 h.

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Une réponse à 17-21 juillet 1915 : après quelques jours d’animation extraordinaire, le calme est revenu

  1. Mabileau dit :

    Bravo au sergent Moisy qui s’inquète des siens restés à Bourgueil, et qui entretien si bien le contact, mais qu’est donc devenu le bon lieutenant Maurice Bedel, sa blessure était sans doute très importante, sa prose journalière nous manque.

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