4-12 juillet 1915 : nous avons maintenant des abris-cavernes profonds, de quoi loger tout le monde en cas de bombardement



Le dimanche 4 juillet 1915
J’ai assisté à une messe qui a été dite à 8 h et demie, au pied d’un arbre. Repos toute la journée. Visite au cimetière. J’ai vu tirer les pièces de 155. Les Allemands envoient toujours des obus autour de la Maison Forestière, mais ils ne font que briser des branches. Beau temps clair.

Le lundi 5 juillet 1915
Repos toute la journée. J’ai causé à l’aumônier militaire de la [Maison] Forestière. L’artillerie allemande tire sur la [Maison] Forestière et les pièces d’artillerie. Temps beau et couvert.


Le mardi 6 juillet 1915
Repos toute la journée. L’artillerie allemande tire toujours sur notre cantonnement. Nous quittons la [Maison] Forestière à 23 h pour aller aux tranchées de Bolante. Beau temps.
Vendredi 6 juillet 1915 ‑ 11 heures

Mon cher père,

Je suis toujours au repos aux I[slettes], nous y restons huit jours au lieu de six qui étaient prévus. Nous repartirons aux tranchées demain soir samedi.

J’ai vu hier pour la première fois André  Brault qui est au 30ème d’Artillerie. Depuis si longtemps que nous étions l’un et l’autre dans l’Argonne nous n’avions jamais pu nous rencontrer, il est vrai que je ne savais pas qu’il était par ici.

Je vous envoie une autre photographie vous la donnerez à qui vous voudrez ou vous la garderez. J’y joins quelques cartes que je veux conserver et que vous ajouterez à celles que je vous ai déjà envoyées.

J’ai reçu hier une lettre de Mélanie.

Le deuxième départ de permissionnaires a eu lieu ce matin. Les premiers partis rentreront demain matin.

La canonnade et la fusillade continuent en Argonne, vous pouvez vous en rendre compte par les communiqués officiels. Je ne vois rien autre chose à vous annoncer pour le moment.

Bonjour à tous, sentiments affectueux  Votre fils ‑ H. Moisy

Nous avons maintenant des casques pour les tranchées.
Le mercredi 7 juillet 1915
Arrivée aux tranchées à 2 h 30, toujours aux mêmes emplacements. Nous remplaçons le 91ème. La relève a été lente. En regardant en avant de la tranchée, une balle a traversé mon périscope. La situation est très calme. Pas de fusillade. On commence à parler des permissions de huit jours pour les militaires du front. Temps nuageux.
Le jeudi 8 juillet 1915
Entretien de la tranchée. Le sergent Philbert a fait une patrouille en avant. Le lieutenant-colonel Ardouin, nouvellement arrivé, est passé dans les tranchées. La nuit, refait le parapet de la tranchée avec clayonnage. Beau temps.
CARTE-LETTRE gommée à découper sur trois côtés. ‑ Papier bleu-ciel

Vignette : six drapeaux, écu, étoile et banderole : « Gloire aux Alliés »

ROY, édit, 2, r. Alma, Tours

Le jeudi huit juillet 1915

Mon cher père,

Je suis en tranchée de première ligne depuis ce matin, tout se passe comme dans les autres périodes de tranchées, c’est même beaucoup plus calme où je me trouve, c’est pourtant le même emplacement qu’à l’habitude. Les tranchées allemandes sont à environ 40 mètres en face et nous apercevons quelques figures derrière leurs créneaux, à l’aide de nos périscopes. Nous avons maintenant dans notre secteur des abris-cavernes très profonds, de quoi loger tout le monde en cas de bombardement. Une fois là-dedans, nous ne craignons presque rien, les cavernes sont étayées par des planches de chêne et il y a 2, 3 ou 4 mètres de terre au-dessus. C’est dans un de ces abris que je me couche quand je ne suis pas de service. En trois sergents que nous sommes, nous prenons chacun trois heures de garde. Ca me fait donc trois heures de service et six heures de repos et ainsi de suite. Seulement comme nous couchons en première ligne nous avons le bruit de la fusillade continuellement dans les oreilles et nous n’avons pas beaucoup de sommeil. – Le temps est beau mais beaucoup moins chaud. L’orage de l’autre nuit a abaissé la température. – Je me porte bien. – Nous touchons toujours du vin et de l’eau-de-vie. Le pain ne manque jamais et la nourriture est passable. – Avec tous mes vœux pour la conservation de votre santé, je vous envoie un baiser affectueux.

Votre fils qui pense à vous ‑ H. Moisy
Le vendredi 9 juillet 1915
Le sergent Fouquet a fait une patrouille à 2 h, il a été blessé à 4 h d’une balle de shrapnel au bras. Il était au front depuis le début. Travaillé dans la tranchée à faire des banquettes et un observatoire. Beau temps.
Le samedi 10 juillet 1915
Ma section quitte la première ligne et vient en 2ème et 3ème lignes. Corvées diverses toute la journée. Nous fabriquons des spirales et des hérissons que nous portons en première ligne. Bombardement de minenwerfer et de 105 dans notre secteur. Beau temps nuageux.
Le dimanche 11 juillet 1915
Corvées de piquets, de fils de fer et de claies. Depuis quelques jours il fait une grande chaleur et nous souffrons de la soif.
Le lundi 12 juillet 1915
Bombardement de tranchée à tranchée et surtout en face du 1er bataillon. Nous continuons les corvées des jours précédents. Temps nuageux.

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