16-20 mai 1915. Je vais mieux. Les vertiges disparaissent.



16-20 mai 1915.

Je vais mieux. Les vertiges disparaissent. Il me reste une tache rouge devant l’œil gauche : elle fait un huit monumental qui s’interpose entre la beauté des choses et moi. Je porte un bandeau noir sur l’œil. Je ressemble à Neipperg.

Une lettre de Madame Roederer : Roederer est interné à Ingolstadt, fort n°8. Il a été légèrement blessé à la tête, deux éraflures, dit-il, lors du combat du 5 mai.

Une lettre du Dr Fournereaux : il m’apprend que je suis proposé par le colonel pour la Légion d’honneur.

Quand il pleut je reste dans ma villa « Tranquille ».

Quand il fait beau je rejoins le capitaine Le Folcalvez et nous baguenaudons à travers Lyon. L’autre jour nous sommes allés jusqu’à l’Exposition. L’Exposition est une vaste fabrique d’équipements militaires, de chaussures, de toiles de tente, de chemises… Dans un coin perdu il y a deux cents prisonniers allemands. Ils cassent des cailloux, poussent des brouettes devant eux et s’essuient le front du revers de la main. Le bon peuple vient les contempler à travers les fentes d’une palissade.

Toute l’attention de mes co-patients est portée sur l’Italie. Ils espèrent beaucoup de son intervention. Mais interviendra-t-elle ? Et si elle intervient ne se fera-telle pas battre à plates coutures et alors n’aurons-nous pas à défendre notre frontière des Alpes contre les armées austro-allemandes victorieuses ? Tout est possible.

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2 réponses à 16-20 mai 1915. Je vais mieux. Les vertiges disparaissent.

  1. pponsard dit :

    effectivement MB a vu juste, car après Caporetto, il a fallu très vite aller aider les Italiens à réparer le désastre, en soustrayant un certain nombre de divisions et du matériel de notre front, ce qui n’a pas été sans poser de sérieux problèmes…
    Malgré tout soyons reconnaissants aux Italiens d’être restés neutres à la déclaration de guerre alors qu’ils étaient engagés dans la Triplice, en invoquant je ne sais plus quelle clause spéciale…
    Ce qui nous a permis de transférer une bonne partie de nos unités alpines sur le front du nord-est dès le mois d’août…

  2. pponsard dit :

    Entrée en guerre de l’Italie…
    La mémoire me revient…Fort heureusement les hommes d’Etat Italiens ne démordaient pas de leur thèse, à savoir que l’action de l’Autriche contre la Serbie était agressive, qu’il ne s’agissait pas, par conséquent d’une guerre défensive, et que dans ces conditions le casus foederis ne pouvait s’appliquer…
    Ils fondaient leur argumentation sur le fameux article 7 du traité de Triple Alliance. ( Mis à part ceux qui détiendraient dans les tiroirs de leurs bureaux un exemplaire du traité de Triple Alliance, j’imagine que ceux que cela intéresse peuvent aller le consulter sur la toile par l’intermédiaire de Mr Google…)
    Bref le principal est qu’en vertu de la dénonciations du casus foederis , les Italiens sont restés neutres, ce qui nous a été fort bienfaisant…

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