7 décembre 1914 : ces premières lignes à peine à un kilomètre



Le lundi 7 décembre 1914

Les premières lignes étant à environ 1 km en avant d’où nous sommes, nous pouvons dormir toute la nuit, entassés tant bien que mal dans nos abris humides. Je vais l’après-midi chercher des cartouches vers le Rendez-vous de Chasse, je rentre à 18 h par la nuit noire. Il nous faut marcher à travers bois, dans la boue et souvent dans l’eau.

Vauquois ( Meuse ) le lundi 7 décembre 1914 – midi

Chère Eugénie,

J’ai reçu hier soir ta lettre datée du 29 novembre. Je te remercie des nombreuses nouvelles que tu m’apprends et qui, toutes, m’intéressent.

Tu es bien aimable de m’offrir un nouveau colis. Pour l’instant, je viens d’en demander un à Aimée et je pense qu’elle me l’enverra. La prochaine fois, je t’en demanderai si j’en ai besoin. Je n’ai pas besoin de chaussettes en ce moment, j’en ai 4 paires de laine et, comme je ne marche presque pas, je peux les porter longtemps sans les salir et sans les user. Il y en a en effet grand besoin par le temps qu’il fait, et encore ça n’empêche pas d’avoir froid aux pieds. Moi, je n’ai pas eu trop à me plaindre jusqu’à présent. On nous distribue aujourd’hui une sorte de graisse qui doit empêcher d’avoir froid aux pieds.

Nous sommes continuellement dans la boue et dans l’eau, c’est dégoûtant. Il pleut tous les jours et l’eau pénètre dans nos tranchées.

Les lettres que je t’envoie doivent vous sembler sales, mais si tu voyais les conditions dans lesquelles elles sont faites. J’écris sur mon genou avec mon livret comme sous-main, et les mains sales et graisseuses. Tout ce que l’on touche nous salit, et il n’est pas facile de se laver. Pour faire la cuisine, nous employons de l’eau que tu ne donnerais pas à ton cheval, il est impossible d’en boire pure, même bouillie ; nous faisons du thé ou du café comme boisson. Enfin, ça n’est pas le rêve.

Bonne santé.

Je termine, je suis pressé. ‑ H. Moisy

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