30 octobre 1914. Le 85ème d’infanterie vient bivouaquer dans le Grand Bois



30 octobre 1914. Ménil-aux-Bois

Le 85ème d’infanterie, exténué par plusieurs semaines de tranchées sur la rive droite de la Meuse, vient, pour se reposer, bivouaquer dans le Grand Bois en bordure de la route de Ménil à Sampigny. J’admire l’ingéniosité des gourbis, particulièrement de celui des médecins : on peut y manger, y dormir, y faire du feu, y écrire et y narguer les obus. Comme plancher des claies recouvertes d’un épais tapis de paille, comme murs des branches de sapin et des mottes de terre, comme toit des branches de sapin. Comme âtre trois pierres, et trois pierres également comme cheminée. Autour de chaque gourbi sont piqués des sapins et voici un bois de plus… que les habitants de la région seront bien étonnés de voir dépérir et sécher au printemps prochain. Ajoutez à cela des allées bien taillées, des pancartes humoristiques à la porte des cabanes, des écuries bien comprises… vous aurez une idée d’un de ces jolis petits villages de sapins que les troupiers français savent élever en quelques heures et où les détails de confort sont si pittoresques et si spirituels.

-15h-

O mes vitres comme vous tremblez ! Quelle monstrueuse machine fait donc tant de vacarme ?

Allons voir.

Je suis allé à la recherche de l’engin, de bois en bois, de ravin en ravin, jusqu’à Sampigny. Elle est bien cachée la grosse bête ! C’est une pièce de marine, dont le canon a 7m de long et qui porte à 17km. Elle est tapie dans un creux, à l’ouest de Vadonville. Quand elle tire, le ciel et la terre sont ébranlés. Elle me fait l’effet d’un ichthyosaure avec son cou qui n’en finit plus. […]

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Une réponse à 30 octobre 1914. Le 85ème d’infanterie vient bivouaquer dans le Grand Bois

  1. Patrice PONSARD dit :

    quelle idée absurde de « crever » des hommes de première ligne à creuser des tranchées…J’ai souvenir à cette égard des observations pertinentes du caporal Bartias dans ses  » carnets de guerre « .

    Ce doit être le travail des territoriaux ou des diverses catégories de requis civils ou militarisés en tant que de besoin.

    Bon, je crois qu’au fil de l’avancement de la guerre, lorsque la crise des effectifs commencera à se faire nettement sentir, cette tâche ingrate leur sera réservée…Evitant ainsi d’exténuer sans profit des hommes devant être au mieux de leur forme sur les lignes d’attaques.

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