12 septembre : Henri Moisy, son « oreiller à dentelles, ses pantoufles et ses chaussettes blanches »



Le samedi 12 septembre 1914

A 5 h nous faisons le café et nous attendons. Ceux qui sont revenus hier, comme moi, passent la visite du médecin major du 331ème. Comme il n’y a rien de changé dans mon état et que je n’ai pas été soigné, je suis évacué de nouveau sur Bar-le-Duc où j’arrive à pied à 10 heures.

Nous sommes une douzaine parmi lesquels le caporal Vénier, qui avait été mon caporal au 135ème. Nous embarquons à 11 h 30 et nous quittons Bar-le-Duc à 19 h après avoir reçu quelques provisions des Dames de la Croix-Rouge. Nous sommes cette fois dans un wagon couloir de 3ème classe. Je suis dirigé à nouveau vers l’intérieur.

 

Le dimanche 13 septembre 1914

Nous suivons le même itinéraire que la première fois. Nous passons à Nançois, Poissons, Wassy, à Auxerre à 15 h, à Saint-Florentin, à Clamecy, à Cosne, Fourchambault. Arrivée à Nevers à 20 h ½ , où nous restons une partie de la nuit en wagon. Le long de la route nous recevons des provisions des Dames de la Croix-Rouge. Pluie et vent toute la nuit.

 

Le lundi 14 septembre 1914

Nous sommes toujours en chemin de fer. Nous quittons Nevers à 2 h. Passé à Saincaise, à Bourges à 6 h. Nous passons à Mehun-sur-Yèvre à 8 h. On fait descendre 70 hommes pour les hospitaliser ici. Je descends et reste dans le nombre. Le train continue sur Vierzon. Nous sommes emmenés en voiture de la gare au château, transformé en hôpital. Nous nous nettoyons complètement et nous nous couchons dans un bon lit, comme nous n’en avons pas eu depuis quarante jours. On nous donne du lait et des œufs. Nous sommes les premiers évacués arrivant à Mehun-sur-Yèvre et les habitants nous reçoivent bien et nous envoient des fruits et des cigarettes. Le temps est beau toute la journée.

 

Le mardi 15 septembre 1914

Je reste au lit toute la journée sauf pour manger à 7 h, 11 h et 18 h. Le médecin passe la visite à 10 h. Nous sommes bien nourris. Beau temps.

 

CARTE LETTRE dentelée ‑ Entier postal 10 c. Semeuse ocre. Oblitérations : MEHUN-SUR-YEVRE ‑ CHER ‑ 18 30 ‑ 15 9 14

BOURGUEIL – INDRE-ET-LOIRE ‑ 10 ‑ 17 9 14

 

Mehun-sur-Yèvre (Cher) mardi 15 septembre 1914 ‑ 18 heures Mon cher père

Comme je l’ai écrit hier à Aimée avec beaucoup de détails, je suis en ce moment à Mehun-sur-Yèvre, dans le département du Cher, dans un hôpital temporaire, pour me reposer pendant un certain temps.

Je ne suis pas malade ni blessé, mais simplement fatigué.

Je suis très bien ici, couché dans un bon lit, avec oreiller à dentelles, on m’a donné des pantoufles et des chaussettes blanches, une chemise blanche, serviette, etc, nous sommes très bien nourris. En un mot, nous sommes très bien, vous n’avez pas à vous inquiéter de moi, comme je ne m’inquiète pas de vous tous.

Soyez assuré de toute l’affection de votre fils. H. Moisy

Caporal au 331ème Régt. de Réserve

5ème Bataillon, 20ème Cie

Hôpital temporaire N° 52

Mehun-sur-Yèvre ‑ (Cher)

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Eugène à la guerre. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>