Après avoir été nommé chef de la 16e escouade, touché les outils, cartouches et objets divers, Henri Moisy se prépare au grand départ pour la Belgique : il raconte cette journée et en profite pour écrire à sa « chère aimée ».
« Samedi 8 août 1914.
Préparatifs de départ. Revue de tout le 331ème en tenue de campagne sur le Mail par le lieutenant-colonel Lebègue ; présentation du drapeau. Nous touchons les vivres de réserve et les vivres de débarquement. Il y avait foule à la revue et beaucoup de fleurs nous ont été offertes. Le commandant Vignery commande mon bataillon, le lieutenant de Surirey commande ma Compagnie. Beau temps. Le 6ème bataillon du 331ème quitte Orléans. »
« Orléans, samedi 8 août 1914 – 20 heures
Ma chère Aimée,
Aujourd’hui dernier jour de séjour à Orléans. Nous partons cette nuit à 3 heures pour la frontière belge, lundi soir nous entendrons le canon. (?) Tout cela n’est pas sûr, nous ne savons pas au juste où nous allons. Nous partons toujours demain dimanche à 3 heures du matin pour être 36 heures en chemin de fer.
Ma santé est excellente, rien ne me fait mal et je pars dans mes meilleures conditions. J’espère revenir de même ?
La mobilisation est organisée admirablement, nous sommes habillés et équipés tout à neuf. La nourriture n’est pas délicate mais abondante. Nous avons touché ce soir de quoi faire quatre repas dans le train. Quel long voyage ; moi qui aime voyager, je vais exister.
Je tâcherai de t’envoyer de mes nouvelles quand je serai hors de France, mais ce ne sera pas si facile.
Je tiendrais à savoir ce qui se passe au pays. Aujourd’hui samedi 8 heures du soir je n’ai encore rien reçu. Il n’y a pas de retard.
Pour le cas où tu n’aurais pas reçu mes lettres, je te rappelle que je t’ai écrit le 4 et le 5 août.
Je t’écris cette lettre à la grande poste d’Orléans, en compagnie de mes camarades du canton de Bourgueil. Si l’un de nous tombe à la bataille, les autres en rapporteront des nouvelles au pays.
Donc, je t’enverrai la prochaine lettre peut-être de Belgique.
Amitiés fraternelles.
Voici mon adresse pour toute la campagne :
H. Moisy – Caporal
331ème Régiment de Réserve
5ème Bataillon –20ème Compagnie
Orléans – Loiret
Ne te fais pas de peine pour moi, je suis aussi tranquille comme à l’étude. »