11 octobre 1914. Messe militaire à l’église de Deneuvre.



11 octobre 1914. Deneuvre.

Messe militaire à l’église de Deneuvre. C’est un sergent du 1er bataillon qui officie. Et l’on voit à travers la mince dentelle de son aube ses bandes molletières et son pantalon rouge. Et ses gros souliers à clous font bien du tapage sur les marches de l’autel. Et ce sont là des petits détails bien émouvants.

Midi Il est dit que chaque fois que je fais un bon repas, il est interrompu par un ordre sensationnel de départ. Pour fêter ma rencontre victorieuse avec les « boches » d’Alencombe la 8ème compagnie m’a invité à son excellente table. Et c’est, notre verre de champagne à la main, que Caussade vient nous surprendre tout essoufflé d’émoi et nous crier : « On part ! Départ à 3h pour Charmes ! » Charmes ? C’est le Nord ou bien la Lorraine. Charmes, en tout cas c’est le chemin de fer. Adieu, les belles Vosges ! […]

7h30 soir Saint-Pierremont (Meurthe et Moselle) Nous arrivons dans la nuit noire à Saint-Pierremont. D’après ce que nous laisse voir le clair des étoiles, Saint-Pierremont n’existe qu’à l’état de souvenir. Ce fut une jolie petite ville, probablement. Pour arriver jusqu’à ces ruines nous avons traversé les ruines de Domptail. (Domptail-les-trous). Que de trous de marmites !… Ces trous à la suite des pluies sont devenus des petits lacs bien ronds : à l’heure où nous franchissons ces lieux de mort un beau couchant d’automne se reflète tout rouge dans ces mares : on les dirait remplies du sang des combattants.

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A Saint-Pierremont, il y a des mouches. Où n’y a-t-il point de mouches ? Les mouches ont froid. On les voit accrochées par milliers, par centaines de milliers, autour des fenêtres dans l’espoir que la fenêtre va s’ouvrir. Je loge avec le capitaine Dufour dans une petite chambre que le curé nous offre dans la toute petite maison où il s’est réfugié. Nous nous éclairons avec un cierge pascal.

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Henri Moisy entend les Allemands abattre du bois à quelques centaines de mètres



Le jeudi 8 octobre 1914

Je reste au P. P. [P. P. : petit poste] toute la journée avec mon escouade, nous creusons et aménageons notre tranchée. Canonnade et fusillade de jour et de nuit. Vu aéroplanes français et allemands. Nous faisons notre cuisine par section dans une partie de la tranchée. Continuer la lecture

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5 octobre : Henri Moisy et ces obus qui pleuvent en forêt d’Argonne



Le lundi 5 octobre 1914

Nous faisons l’exercice dans la matinée. Nous quittons les Islettes à 10 h. Nous passons au Neufour, au Claon, et nous entrons dans la Forêt d’Argonne. Nous passons ensuite à la Croix-de-Pierre, à la Maison Forestière du Four-les-Moines. Nous arrivons à la Pierre-Croisée à 16 h et nous couchons dans des abris en feuillage. Nous touchons les distributions à minuit et on nous amène également de l’eau dans des tonnes. En passant à la Maison Forestière nous recevons deux obus qui blessent plusieurs hommes. J’ai vu Edouard Bourreau. Fusillade toute la nuit. Temps pluvieux. Continuer la lecture

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