11 avril 1915 : les feuilles commencent à pousser dans les arbres de l’Argonne, bientôt nous aurons de l’ombre



Le dimanche 11 avril 1915
Nettoyage des armes et des effets le matin. Repos le soir. Le capitaine russe Arguieff commande toujours la 5ème compagnie, le sous-lieutenant Combeau la 2ème section, le commandant Laclotte le 2ème bataillon. Le sergent Josnon qui commandait ma demi-section a été nommé adjudant à une autre compagnie pendant mon séjour à Bellefontaine.

Le dimanche 11 avril 1915 – 8 heures.
Chère Eugénie,
Après un séjour de neuf jours dans les tranchées de première ligne, je me trouve au repos dans des cabanes en pleine forêt, à 1 km en arrière du front, dans la pente d’un ravin presque à pic, pour être à l’abri des obus allemands qui arrivent de temps en temps. Nous ne pouvons pas nous approvisionner, ni en vin, ni en épicerie, mais à part cela, nous sommes mieux que dans les villages voisins du front, où toutes les maisons sont peines de vermine.

Il y avait neuf jours que je ne m’étais pas débarbouillé et j’ai fait ma toilette hier soir, ce n’était pas sans besoin.

Le temps est moins pluvieux et le soleil se montre de temps en temps.

Dans la période de tranchée que je viens de passer, Auguste couchait toujours à côté de moi, et nous causions de vous tous avant de nous endormir.

Les feuilles commencent à pousser dans les arbres de l’Argonne, et bientôt nous aurons de l’ombre. ‑ Je me porte bien. Reçois toutes mes amitiés.

Ton frère ‑ H. Moisy

J’ai reçu hier soir une lettre d’Aimée.

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10 avril 1915. Les hommes, dans les champs, s’exercent au lancement des grenades.



10 avril 1915. Saint-Julien

Les hommes, dans les champs, s’exercent au lancement des grenades.

Je suis chargé, de concert avec le médecin-chef de trouver une maladie à notre excellent chef de bataillon. Exécution sommaire d’un homme jugé inapte au commandement. Depuis le début des hostilités il est le 4ème officier supérieur du régiment ainsi exécuté. L’ont devancé dans la disgrâce : le colonel Pichoud, le commandant de Marcillac, le commandant Nicolardeau. Le commandant Sabattier a eu l’élégance de devancer le jugement en se faisant tuer glorieusement le mois dernier à Mesnil.

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10 avril 1915 : je fais ma toilette qui n’avait pas été faite depuis 9 jours



Le samedi 10 avril 1915
Nous quittons enfin les tranchées de première ligne à 4 h 30, après neuf jours où nous avons souffert du mauvais temps et du bombardement. Nous allons au repos dans le ravin de Cheppe, dans des abris creusés sous terre. Nous aménageons notre abri et nous faisons du feu dedans toute la nuit. Je fais ma toilette qui n’avait pas été faite depuis 9 jours.

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7-9 avril 1915 : le secteur devient plus calme



Le mercredi 7 avril 1915
Le secteur devient plus calme. Il est tiré quelques coups de canon isolés et il y a fusillade insignifiante. Il pleut toute la journée et nous passons notre temps à sortir l’eau de la tranchée. Les tranchées allemandes sont à 80 m environ de la nôtre mais nous ne voyons jamais personne. Toutes les nuits il est lancé des fusées éclairantes, des deux côtés ; les nôtres avec parachutes.

Le jeudi 8 avril 1915
Toujours en première ligne. Quelques coups de canon et de fusil sont tirés de temps à autre. Le colonel Poignon passe en première ligne. Je passe toujours au moins 6 heures par jour au petit poste.
Le vendredi 9 avril 1915
Nettoyage et aménagement de la tranchée. Violente fusillade à 23 h.

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5-6 avril 1915 : ahuris par le fracas des éclatements, nous nous demandons ce qui va se passer



Le lundi 5 avril 1915
Je vais au petit poste trois heures sur six. Il pleut toujours, les boyaux et les tranchées sont pleins d’eau. Violent bombardement français sur les tranchées allemandes de 15 à 19 h. Fusillade. Attaque de la cote 263 par le 82ème de ligne. Nos cuisiniers n’ont pas pu venir à cause du bombardement qui s’étendait depuis nos tranchées jusque assez loin à l’arrière de nos lignes.

Le mardi 6 avril 1915
Je vais avec une corvée creuser des fosses au cimetière de la cote 263. Il y a beaucoup de cadavres alignés sous bois et ils sont enterrés jusqu’à 25 dans la même fosse. Côte à côte. Les brancardiers enlèvent leurs plaques et leurs papiers. Bombardement français et allemand de la cote 263. Violente fusillade. Après trois jours de bombardement nous sommes ahuris par le fracas des éclatements et nous nous demandons ce qui va se passer.

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