31 mai 1918.
Les Allemands sont sur la Marne. De quelles bottes leurs pieds sont-ils donc chaussés ?…
Il fait un clair soleil de jeunesse et de joie. Les demoiselles de Lure vont bras-dessus bras-dessous sur la promenade où les tilleuls font une ombre fraîche. Les officiers badinent avec elles. Des femmes de la campagne viennent à bicyclette acheter, à la ville, des ombrelles roses et des souliers blancs.
Les Allemands sont sur la Marne. Nous construisons des hôpitaux de toile et de planches à Valdieu, à Bellemagny, en Alsace, à dix kilomètres des lignes. Nous y installons l’électricité et le calorifère… pour l’hiver prochain.
Voilà.
Voilà comme nous sommes.
Avouez que nous sommes un peuple charmant et léger.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.