5 novembre 1918. Les conditions de l’armistice avec l’Allemagne continuent de circuler

5 novembre 1918.

Les conditions de l’armistice avec l’Allemagne continuent de circuler : ça fait boule de neige. Maintenant, c’est l’occupation de Berlin, la livraison de la flotte… Et quant aux conditions de paix : « 150 milliards !… Toutes les colonies… Héligoland… »

On dit : Wilson et les Anglais demandent que les propositions d’armistice soient signifiées avant le 10 novembre. Clémenceau demande de prolonger la guerre jusqu’à la fin de l’emprunt qui est le 24 novembre. Evidemment ce dernier bruit ne peut venir que de chez le voisin. Mais je l’enregistre parce qu’il m’a été donné très sérieusement par un chef de bureau de l’Etat-Major !…

Ce soir, à 17h, on nous informe que, devant nous, l’Allemand plie bagages et commence le déménagement de son gros matériel… Notre armée va-t-elle à son tour se mettre en branle ? Ca canonne ferme devant Belfort. On dirait que les artilleurs, allemands et français, ont des monceaux d’obus à brûler et qu’ils se pressent de le faire, vite, vite, avant l’armistice.

De notre côté nous préparons l’occupation de l’Alsace. Je me suis mis au travail avec le 2^ème bureau de l’Etat-Major qui me fournit l’emplacement des hôpitaux, ambulances et infirmeries organisés par les Allemands, de sorte que nous n’aurons qu’à chausser leurs bottes en arrivant. C’est une occasion pour moi d’admirer la perfection de notre service de renseignements qui voit tout, entend tout et sent tout.