30 mars – 2 avril 1918 : Pâques sous la pluie et les bombardements



Le samedi 30 mars 1918
Il pleut jour et nuit et nous n’allons pas au travail. Bombardement allemand sur la route de Montzéville à 16 h. L’adjudant Brousse rentre de permission.

Le dimanche 31 mars 1918 – Pâques –
Canonnade violente à 20 h vers la cote 304. Nous allons au fil de fer de 20 h à 1 h. Nous sommes bombardés pendant notre travail. Nous posons les fils de fer à la droite du secteur occupé par le 344, qui est en même temps la droite du secteur de la 68ème Division, la gauche se trouvant vers Avocourt avec le 206, et le centre à la cote 304, occupée par le 234. A notre droite se trouve la 25ème Division, en face du Bois de Forges, et s’étendant à cheval sur les deux rives de la Meuse. Le temps est toujours humide.
31 mars 1918

Mon cher père

Pour le jour de Pâques il fait un bien mauvais temps, il pleut depuis deux jours et il ne manque pas de boue. Il n’y a pas de différence entre cette grande fête et un jour quelconque de l’année. Le front est calme, il semble que les armées avaient assez d’occupations dans les secteurs de Somme et Oise pour rester tranquilles par ailleurs.

Je trouve la nourriture bonne et je peux y ajouter des suppléments car il est facile de s’en procurer. Je me porte toujours bien et je m’accommode mieux que je ne le pensais à cette vie dure et triste. Je n’ai rien à ajouter à ce que je vous disais au sujet de ma solde. Je n’ai encore rien appris de nouveau. Je vous souhaite bonne santé et vous embrasse.

Votre fils ‑ H. Moisy
Le lundi 1er avril 1918
Je vais dans l’après-midi à la cote 232 faire ma toilette que je n’ai pas faite depuis huit jours. Bombardement du boyau de Cannes. Le sous-lieutenant Marouteau rentre de permission, ainsi que le sergent Delidais. Nous quittons les abris de réserve à 22 h et nous sommes remplacés par une section de la 19ème compagnie (adjudant Mallard, sergent Hary). Nous avions remplacé la 15ème compagnie. Nous allons en première ligne, compagnie du centre du bataillon, la 23ème à notre droite, la 21ème à notre gauche. Ma compagnie (22ème) occupe un secteur d’environ 1200 m, notre gauche appuyée à la rive droite du ruisseau La Hayette. La compagnie de mitrailleuses est installée en 2ème ligne. Il n’y a ainsi, dans tout le secteur d’une division – environ 12 km de large – que neuf compagnies en ligne, neuf en réserve, et neuf au repos, soit trois dans chaque catégorie et dans chaque régiment. Il n’y a que trois sections en première ligne, la mienne est en réserve au P[oste de] C[ommandement] du capitaine, à l’intersection de la tranchée Hambourg et du boyau de la Hayette.
Le mardi 2 avril 1918
Bombardement des 1ère, 2ème et 3ème lignes par intervalles, dans la journée. Je vais de 20 à 22 h visiter tout le secteur des 1ères lignes de la compagnie avec le sous-lieutenant Tuffreau. Je vois le village de Béthincourt tout démoli, nous allons par le boyau de la Hayette, la tranchée Kovel, et nous revenons à travers la plaine. Les tranchées et boyaux sont pleins d’eau et de boue et nous revenons dans un état dégoûtant. Le caporal Ducom et le sergent Delidais font chacun une patrouille cette nuit. Je vois le sergent de Camaret – 17ème compagnie – qui était parti en même temps que moi de Choisy[-en-Brie] ; il n’a pas été en permission depuis le 24 octobre.

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Eugène à la guerre, avec comme mot(s)-clef(s) , , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>