24 – 28 octobre 1917 : mon tour peut arriver dans dix ou quinze jours



Le mercredi 24 octobre 1917
Je change de cantonnement. Je quitte le Merger et je vais m’installer au Montcel. Je passe en subsistance à la 33ème compagnie, ainsi que tous les hommes de la 34ème compagnie. Il ne reste à la 34ème que le bureau et les auxiliaires et le lieutenant Mons, commandant [la compagnie]. Je vais à Leudon et à Chartronges. On entend le canon du front très distinctement et sans interruption.


Le jeudi 25 octobre 1917
Je vais aux Deux-Maisons, à Coffery et à Faÿ. Il part un renfort de 20 hommes au 174ème, sergent-major Leborgne, sergent Cassard. La canonnade diminue. Le sergent Lumineau rentre de permission et passe en subsistance à la 36ème compagnie. Rouvier est aussi à la 36ème à Chevru. Pauthonnier est avec moi à la 33ème, nous logeons chez M. Martin, au Montcel.
Le vendredi 26 octobre 1917

Je vais à Champbonnois, Chartronges, Chevru, Coffery, les Deux-Maisons.
Le samedi 27 octobre 1917
Je vais à Leudon et Chevru. Départ de permissionnaires.
Le dimanche 28 octobre 1917
M[esse] de 9 h ¼ à Choisy[-en-Brie]. Départ de 100 permissionnaires de la classe 18.
Dimanche 28 octobre 1917

Mon cher père,

La situation n’a pas changé depuis le 19, jour où je vous ai écrit. Il est parti il y a trois jours un renfort pour lequel je n’ai pas été désigné. Mon tour peut arriver dans dix ou quinze jours et peut-être plus, on ne sait jamais.

En attendant cela je suis très heureux en ces moments-ci. Je surveille une équipe agricole de 23 hommes qui sont répartis dans la commune où je me trouve et dans trois communes environnantes. Je mange et loge à ma Compagnie et dans l’intervalle je me promène matin et soir d’une ferme dans l’autre sans que personne ne s’occupe de moi. Je n’ai qu’à rendre compte au Chef de Bataillon une fois par semaine. J’ai commencé le 22 octobre et il est possible que ça dure un mois. Comme je suis nourri à ma Compagnie, je me dispense de travailler.

J’ai reçu hier par la poste un pâté de lièvre d’un kilo, que m’ont envoyé les gens à qui j’ai envoyé des raisins. Il est délicieux et je vais bien me régaler. Vous voyez que l’on garde de moi un bon souvenir. J’ai reçu hier également une lettre d’Aimée et il y a deux jours une d’Eugène  Moisy  fils. — Le temps est devenu froid, sombre, avec du brouillard tous les jours.

Ma Compagnie étant supprimée en attendant qu’il arrive d’autres jeunes soldats, je suis passé provisoirement à la 33ème, mais en subsistance seulement. Je reste quand même sur les contrôles de la 34ème et je conserve la même adresse. Je suis changé de cantonnement et je couche à 800 m d’où j’étais auparavant. Je suis très bien, une jolie petite chambre pour 2 sergents, celui qui est avec moi depuis huit mois. De même pour la nourriture, nous sommes à la popote des sous‑officiers de la 33ème Cie. — Santé toujours bonne.

Agréez mes affectueux sentiments.  ‑ Votre fils ‑ H. Moisy

Je mets ma lettre à la boîte le lundi 29 octobre à 9 h seulement. L’heure du courrier étant changée depuis peu, les lettres ne mettent plus que deux jours.

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