29 janvier 1917. Aïn Leuh
La pluie a cessé, tard dans la nuit.
Ce matin, sous les rayons d’un soleil pâle, le spectacle de notre maison est navrant. Le pan qui restait debout hier soir s’est effondré. La cuisine n’est plus qu’un monceau de moellons, de poutres et de tôles ondulées, sous lequel gisent notre civet de lièvre, notre Bénédictine, nos conserves et une partie de notre vaisselle. La pièce de la popote, seule, tient à peu près. Nous l’avions consolidée il y a quelques jours.
Et toute la matinée c’est devant ce cadavre de baraque comme un défilé d’enterrement. Les camarades viennent, le sourire aux lèvres, nous porter leurs condoléances… Cela ne nous rend pas nos bols à café et notre presse-purée, dernière acquisition.
En hâte on rafistole le tout à coups de pioche, d’abord, ensuite en refaisant à la maison, qui n’en a plus, une façade indescriptible en tôles ondulées et en vieilles bâches.
L’effet des marmites n’est pas pire ! Encore une fois, c’était bien la peine de quitter l’Alsace !…