20-21 janvier 1917 : le soir, il est interdit d’allumer une lumière à l’extérieur



Le samedi 20 janvier 1917
Repos le matin. L’après-midi, désignation des spécialités. Je suis désigné pour suivre le cours des grenadiers. Je couche le soir avec cinq autres sergents dans une maison abandonnée à côté du cantonnement, où nous pouvons faire du feu. Temps très froid.

Le dimanche 21 janvier 1917
Revue d’armes à 9 h par le capitaine Henry, commandant la 24ème compagnie du 331ème. Cantonnement libre de 10 à 12 h. Je vais à la messe de 10 h. Conférence par le capitaine à 14 h. Il part un détachement de permissionnaires. Le soir nous voyons les fusées éclairantes françaises et allemandes au-dessus des lignes. Temps couvert et froid. Il y a toujours de la neige.


Dimanche 21 janvier 1917

Mon cher père,

Par les lettres ou cartes que je vous ai envoyées tous ces jours-ci vous avez dû savoir que j’avais beaucoup voyagé cette semaine. En trois étapes j’ai fait environ 50 km. Je me trouve en ce moment en Champagne, au milieu des vignes qui produisent le fameux vin, à 13 km au S. E. de Reims. Le pays est beau et riche et dans le chef‑lieu de canton où je suis il n’y a pas de maisons d’abîmées. Ce sont de belles maisons en pierres et ardoises, et non en terre comme dans la Meuse. C’est plus joli que Bourgueil….et ce n’est qu’à 7 km des premières lignes. Malgré que ce soit très bien, ma Compagnie est très mal logée, nous sommes dans un grenier et comme il y a de la neige depuis dix jours, nous souffrons du froid le jour et la nuit. Je n’ai pas fatigué pendant ces jours de marche. J’y suis maintenant habitué. Ici nous n’avons pas grand’chose à faire, nous ne pouvons pas sortir en groupes, nous pourrions être vus des lignes allemandes qui se trouvent sur une crête que nous apercevons. Le soir nous voyons très bien les fusées éclairantes françaises et allemandes qui sont lancées au‑dessus des tranchées. Le secteur est absolument calme, un coup de canon par-ci, par-là, et quelques mitrailleuses.

La neige couvre toujours le sol depuis le 12 janvier, les routes sont glissantes et les chevaux ne peuvent pas sortir sans être cramponnés, le ravitaillement est difficile, nous avons de la peine à marcher.

Aujourd’hui dimanche, repos. J’ai assisté à la grand’messe de 10 heures en l’église de Verzy, il y avait pas mal de civils car toute la population est encore ici. Le soir il est absolument interdit d’allumer une lumière à l’extérieur, aussi la ville est bien sombre. Nous ne resterons probablement pas bien longtemps ici, nous allons reprendre notre vie de nomades et aller plus loin. Et voilà les nouvelles du jour. Santé bonne. Salutations et baiser affectueux. Votre fils H. Moisy

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