16-25 décembre 1916 : une petite fête entre sous-officiers pour Noël



Le samedi 16 décembre 1916
Exercice et théorie matin et soir au nord du camp. Temps pluvieux.

Samedi 16 – 12 – 16

Chère Eugénie

J’ai reçu hier soir ta lettre du 11. J’ai été plusieurs jours sans en recevoir car pendant nos déplacements elles ne nous suivaient pas toujours. A présent, nous sommes à peu près installés et nous reprenons nos occupations habituelles, c’est à dire exercices et théories. Le camp où je me trouve est à environ 2 km de F…., forte commune de la Marne. Nous sommes en pleine campagne sur le versant d’une colline. Hier, nous n’avions pas chaud dans nos baraques, mais nous avons touché des poêles et nous faisons du feu. Avec des nuits aussi longues que celles d’aujourd’hui, nous passons de bonnes nuits tranquilles et à l’abri. La nourriture n’est pas très abondante mais le pain est délicieux et blanc comme la neige. Nous pouvons heureusement nous procurer le   supplément qui nous fait plaisir. Nous payons ici le vin rouge 0.75 F  le  litre.  Je ne l’ai pas encore payé aussi bon marché. Le  camembert  1.30 F, le chocolat 2 F  la livre, les bougies  0.15 F la pièce. L’essentiel est qu’on puisse se le procurer.

Le régiment qui était au repos depuis près de deux mois est maintenant en ligne depuis quelques jours dans un secteur très tranquille. – paraît-il ? Je suis à environ 2 km du front et j’entends le canon de temps en temps, mais je ne crains rien en ce moment.

Je te remercie des renseignements que tu me donnes sur le pays. Cette pauvre Madame Carré a bien de la peine en ce moment, surtout qu’elle  en a déjà bien eu. Je vois qu’il y a bien des permissionnaires en  ce  moment au pays, le temps n’est pas bien favorable pour une permission dans cette saison, on est quand même bien heureux de l’avoir.

Le temps est couvert et humide, c’est bien un temps de décembre mais il n’est guère plaisant. On ne voit pas souvent le soleil. Ma santé est bonne et je ne souffre pas pour le moment.

J’ai reçu hier une lettre de Papa, en même temps que la tienne.

Ma chère Eugénie, je t’embrasse affectueusement. ‑ H. Moisy

Je viens de recevoir une lettre de Clément Moisy et sa photographie. ‑ H.M.
Le dimanche 17 décembre 1916
Repos le matin. Je vais à la messe de 9 h ½ à l’église de Baslieux-les-Fismes. Revue le soir.
Le lundi 18 décembre 1916
Exercice à la compagnie de manœuvre le matin. Repos le soir. Je prends la garde à 18 h au Camp de Fismes. Il y a une trentaine de baraques Adrian, neuves et inoccupées, pouvant contenir chacune 120 hommes. Elles sont situées environ à mi-chemin le long de la route de Fismes à Baslieux.
Le mardi 19 décembre 1916
Je suis de garde toute la journée au camp de Fismes. Sur les collines au nord et au sud de Baslieux il y a plusieurs grands hangars d’aviation et des aéroplanes y viennent atterrir tous les jours. Gelée très forte. Neige fine. Il part un détachement de permissionnaires.
Le mercredi 20 décembre 1916
Exercice matin et soir à la compagnie de manœuvre aux abords du camp. Nous apercevons au-dessus des lignes des aéroplanes français bombardés par l’artillerie allemande et des Taubes bombardés par l’artillerie française. Temps très froid.
Le jeudi 21 décembre 1916
J’ai repos le matin pendant que la compagnie de manœuvre est en corvée de terrassement. L’après-midi, à cause du mauvais temps, nous avons théorie dans les baraquements.
Le vendredi 22 décembre 1916
Théorie et nettoyage des armes le matin. Le 331ème ne fournit plus d’hommes à la compagnie de manœuvre, parce qu’il n’en reste presque plus. Il part un renfort de 33 hommes au régiment. Je vais faire un tour au bord de la rivière la Vesle. Temps pluvieux.
Le samedi 23 décembre 1916
Exercice matin et soir auprès du hangar d’aviation sur le plateau au nord de Baslieux. Temps pluvieux. Forte bourrasque de vent qui soulève le hangar en toile. J’aperçois la cathédrale de Reims qui se trouve à l’est, à 22 km par la route. Le secteur est toujours très calme et nous entendons rarement le canon.
Le dimanche 24 décembre 1916
Je vais à la messe de 7 h (+) à Baslieux. Repos toute la journée. Nettoyage des effets. Je vais me promener l’après-midi à Courlandon. A 18 h, nous faisons une petite fête entre sous-officiers à l’occasion de la fête de Noël. Temps clair.
Le lundi 25 décembre 1916
J’assiste à la messe de minuit dans l’église de Baslieux-les-Fismes (+) et à 9 h ½. Repos toute la journée. Je suis de jour.

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