20 mars 1916. La batterie Bréhier me quitte.

20 mars 1916.

La batterie Bréhier me quitte. Elle va servir les pièces de l’Eber-Wald, du Schrwartzberg et du Reichberg. Sur un coup de téléphone voilà tout le cantonnement sens dessus dessous, des cris, des appels, des chars à bœufs qui viennent enlever le matériel, mon ordonnance, ce fidèle Dupré, qui pleure de me quitter…

Dans l’après-midi je suis envoyé, par ordre du général de Berckheim, reconnaître l’état du sentier de Ferschmüss à Mittlach par Tann-Weigle, l’Altenweiher et Kolben-Wasen. En raquettes je mets deux heures pour l’atteindre. Il fait une chaleur insupportable sur la neige. Le sentier est possible pour un piéton, ma mission est remplie. Je vois au loin, se dessinant sur la neige du Hohneck, une longue colonne de skieurs. Je vais à sa rencontre : c’est la compagnie des chasseurs du capitaine Doucet qui quitte le Collet pour renforcer la ligne de Sondernach (est de Metzeral), acquisition nouvelle de la 47^ème D.I.

La 47^ème division appuie à droite, laissant le secteur du Linge à une nouvelle Division, la 46^ème, qui vient se placer entre la 41ème (division de la Touche) et la nôtre. Par contre la 47^ème prend le secteur depuis Sultzeren jusqu’à l’Hilsenfirst.

Cette nuit, bombardement violent de la Schlucht de 9h du soir à 2h du matin. Des éclats viennent tambouriner contre ma cabane. Heureusement ma fenêtre est orientée au sud-ouest et les marmites éclatent au sud : mes carreaux par ce fait tiennent bon.