9-11 octobre 1915 : installation dans les anciennes tranchées allemandes de première ligne



Samedi 9 octobre 1915 – midi

Mon cher père,

Nous allons quitter aujourd’hui je crois le bivouac où nous sommes depuis lundi dernier. Où allons-nous aller ? Je n’en sais rien, probablement encore plus à gauche.

Le temps est très beau depuis quelques jours. – Santé toujours excellente.
Je vous envoie une carte à ajouter aux autres.

Rien de particulier en ce moment.
Sentiments affectueux de votre fils. – H. Moisy
Le dimanche 10 octobre 1915
Nous passons à la ferme de Beauséjour vers une heure, nous arrivons ensuite aux anciennes tranchées allemandes de 1ère ligne, qui sont toutes bouleversées par le bombardement de fin septembre. Nous prenons ensuite les anciens boyaux de communication ennemis pour arriver jusqu’aux tranchées vers 2 h du matin. Les boyaux allemands sont encore garnis par endroits de clayonnage, de fils téléphoniques et de conduites pour amener l’eau en 1ère ligne. Les tranchées que nous occupons sont à environ 2 km en terrain repris depuis le 25 septembre. Nous remplaçons le 79ème. Devant nos tranchées il y a de nombreux cadavres français du 418ème et du ..?.. qui sont tombés à l’attaque de septembre. D’autres sont enterrés dans le parapet même de notre tranchée, des mains et des pieds qui dépassent nous en font voir un peu partout. Une mauvaise odeur se dégage de ce charnier. Nous nous organisons pour le mieux, au milieu de tous ces cadavres. Toute la journée, bombardement ennemi de crapouillots, torpilles, obus de 77 et 105. Vers 15 h une escadrille de 22 avions français survole nos lignes et va explorer les arrières des lignes ennemies. L’artillerie allemande les bombarde sans interruption et le ciel est rempli de flocons de fumée. La nuit je vais poser des fils de fer Brun et barbelés en avant des tranchées. Les tranchées allemandes de 1ère ligne sont à environ 120 mètres. Les petits postes sont à 40 mètres. Le soldat Lalanne est évacué. Beau temps clair.
Le lundi 11 octobre 1915
Nous aménageons la tranchée. Le 1er peloton est en 2ème ligne et le 2ème peloton en 1ère ligne. Nous avons à notre gauche la 6ème compagnie, à notre droite le 418ème. La corvée de ravitaillement partie hier à 17 h rentre ce matin à 3 h, après s’être égarée. Le ravitaillement est difficile, le chemin n’est pas encore indiqué dans les boyaux. Nous n’avons qu’une corvée de soupe par jour et nous mangeons froid à chaque repas. Bombardement de minenwerfer vers la 6ème compagnie. Vu aéros et Taubes. Je fais creuser deux boyaux en avant de la tranchée pour l’établissement de deux petits postes. Le sergent Vénier fait une patrouille en avant. Le soldat Petit est blessé.

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Eugène à la guerre, avec comme mot(s)-clef(s) , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>