23 juillet 1915. Ma division a quitté l’Artois pour l’Aisne.



23 juillet 1915.

Ma division a quitté l’Artois pour l’Aisne. Elle est, de nouveau, au repos sur les lisières de la forêt de Villers-Cotterets. Que de drames depuis le dernier séjour que nous y fîmes !… Nous étions alors au complet. Aujourd’hui il reste Gresser et Boby. Ils restent deux !… Deux des joyeux convives de la popote d’alors, de la popote chez le maire de Taillefontaine, de la popote dans la petite maison verte de Puiseux, des convives de chez « Yvette » à Courmelles, de chez Potdevin à Septmonts, du gourbi-popote de la tranchée de Berry, de la popote dans la vaste pièce de la ferme de Courtieux… Disparus : Dufour, tué- Cordonnier, tué- Roederer, prisonnier- Boulanger, blessé- Hartmann, blessé- moi, blessé- Caussade, mutilé- Le commandant Molard, évacué- Aux compagnie voisines, 5ème : Cocagne, tué- Vilmure, évacué- Henry, blessé- 8ème :Le Folcalcer, blessé- Dupont, demi-fou- Marchand, blessé- Ainsi donc, seuls Gresser et Boby, de tout le bataillon, se retrouvent aux lisières de la belle forêt où nous fûmes une si joyeuse bande.

Et du régiment qui reste-t-il ? Je me creuse la tête pour trouver un nom : tous les officiers supérieurs d’alors, colonel et chefs de bataillon ont été tués ou évacués comme incapables. Les capitaines Nicolet, Voilqué, Vaudon, Quenault, Bachellerie, Charmeux, Glèves, Jacquin, tués. Et tant de lieutenants ! Qui reste-il de tous ces anciens ? Je le cherche. Je trouve deux ou trois noms : le capitaine Samouilla, les lieutenants Gassier et Couaille, le Dr.Fournereaux… Quelle hécatombe d’intelligences !

Le cahier laissé à la Genauraie s’achève ainsi, mais Bedel poursuit celui écrit sur le champ de bataille

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Une réponse à 23 juillet 1915. Ma division a quitté l’Artois pour l’Aisne.

  1. pponsard dit :

    vrai, quelle monstrueuse hécatombe d’intelligences ! elles auraient été tellement nécessaires au pays dans la France meurtrie d’après le conflit…

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