6-11 juin 1915 : je suis allé visiter la tombe d’Edouard Bourreau



Le lundi 7 juin 1915
Nous quittons les tranchées du Réduit à 2 h 30 et nous arrivons au repos au Claon à 9 h. Nous sommes remplacés par la 6ème compagnie du 82ème. Repos toute la journée. Chaleur accablante. M. Millerand, ministre de la guerre, est passé au Claon en automobile.


Le mardi 8 juin 1915
Toujours au repos au Claon. Réveil à 5 h 30. Exercice de 7 à 9h. Repos l’après-midi. Revue d’armes par section à 14 h. Il est passé au Claon un camion-bazar militaire auquel j’ai acheté divers objets. Temps beau et grande chaleur.
Le mercredi 9 juin 1915
Réveil à 3 h. Départ à 4 h pour l’exercice d’occupation des tranchées de barrage de la Maison Forestière du Four-des-Moines. Nous avons marché à travers bois sous une pluie battante, en tenue de campagne. Par suite du mauvais temps cet exercice a été arrêté et nous sommes revenus à 9 h 30. De retour au Claon, le capitaine Arguieff a fait l’appel de la compagnie avec le cahier de contrôle. Tous les manquants sans motif ont été punis. L’après-midi, avec une permission, je suis allé aux Islettes visiter la tombe d’Edouard Bourreau, décédé des suites de ses blessures le 27 avril 1915. Retour au Claon à 19 h 30. Temps très chaud et nuageux.
CARTE POSTALE : Recto : L’ARGONNE – Le Claon – Vue générale.— Mention imprimée au-dessus d’un mamelon boisé : « Bois de la Grurie » – Une croix au crayon signale une grange du village.
Verso :

Les Islettes (Meuse) ‑ mercredi 9 juin 1915 ‑ 17 heures

Chère Eugénie,

Me trouvant cantonné au Claon j’ai obtenu une permission pour venir aux Islettes aujourd’hui. Vu la tombe de Edouard Bourreau. Te donnerai renseignements à ce sujet ces jours-ci. Santé bonne, temps très chaud. Pluie ce matin, pendant que nous étions en marche. Amitiés et salutations fraternelles. ‑ H. Moisy ‑ La croix indique la grange où je suis cantonné.
Le jeudi 10 juin 1915
Réveil à 6 h. Exercice de 7 à 9 h et de 14 à 16 h. Exercice spécial pour les gradés, conformément aux ordres du capitaine, donnés hier. Le capitaine a prévenu qu’il quitterait probablement la 5ème compagnie d’ici quelque temps. Beau temps très chaud. La situation est calme. Pas de canonnade.
Le vendredi 11 juin 1915
Réveil à 5 h et demie. Exercice de 7 à 9 h. Revue d’armes en tenue de campagne à 14 h. Revue du cantonnement par le capitaine à 15 h. A 16 h prise d’armes pour remise de la Croix de Guerre par le colonel Poignon. Temps très chaud. Nous avons quitté le Claon à 23 h pour aller aux tranchées de Bolante.
Le vendredi onze juin 1915 ‑ 16 heures.

Chère Eugénie,

Je te disais sur ma carte d’il y a deux jours que j’avais été voir la tombe du fils Bourreau. Voici quelques renseignements que tu pourras transmettre à sa famille.

Aux Islettes, il y a deux endroits où il y a des militaires enterrés : à côté du cimetière et à côté de l’église. Ces deux endroits sont à environ 800 mètres l’un de l’autre. Edouard Bourreau se trouve à côté du cimetière, dans la première rangée de tombes, le long du mur. Sa tombe est surmontée d’une croix portant cette inscription :
Bourreau Edouard 2ème classe

131ème. Cie H.R. 27 – 4 – 15
Cette croix supporte une belle couronne de roses blanches de 0.80 m de hauteur sur laquelle se trouve cette phrase :

« A notre regretté camarade »

La tombe est entourée de mottes de gazon. J’ai déposé un bouquet de renouées toujours sur sa tombe et j’ai dit une prière, c’est tout ce que je pouvais faire. J’ajoute dans ma lettre un plan de l’endroit.

Il fait toujours une grande chaleur et de l’orage depuis 4 jours.

Nous avons touché hier des vareuses en velours bleu-ciel, à côtes.

Nous avons passé ici un drôle de repos, je vais en repartir plus fatigué qu’au commencement. Il y a toujours des marches ou de l’exercice toute la journée. Je n’ai pas eu le temps d’écrire autant que dans les tranchées. C’était comme à la caserne.

Auguste se porte toujours bien.

Nous partons demain dans les tranchées.

Ma santé est bonne.

Ma chère Eugénie, je t’embrasse de tout mon cœur.

Ton frère, ‑ H Moisy

Je viens de recevoir la carte de Georges datée du 7 courant et m’annonçant un colis. H – M
CARTE POSTALE : Recto : L’ARGONNE ‑ Le Claon – Vue générale

Mention imprimée au-dessus d’un mamelon boisé : « Bois de la Grurie »

Verso :

Le Claon, vendredi onze juin 1915

Mon cher père

Je ne vous ai pas écrit étant au repos parce que je n’ai pas eu le temps. Je vous écrirai étant en tranchée, nous y partons cette nuit. Je me porte très bien, ne vous inquiétez pas de moi.

Bonjour affectueux de votre fils. – H.- Moisy

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