14 mai 1915. En passant à Dijon, à 7h du matin, nous apprenons que le convoi se dirige sur Lyon et peut-être Valence.



14 mai 1915. Lyon

En passant à Dijon, à 7h du matin, nous apprenons que le convoi se dirige sur Lyon et peut-être Valence. A la gare de Dijon, dans une petite salle fleurie d’iris et de tulipes, on nous sert sur une belle nappe blanche des œufs, du chocolat et des petits pains dorés.

Et tout le long de la ligne, à chaque arrêt, on s’occupera ainsi de nous nourrir. Il y a dans le train trois cents poilus qui n’en ont jamais tant vu, aussi bien en tasses de café au lait qu’en paysages variés.

A Saint-Amour, au pied du Jura, arrêt d’une demi-heure pour le déjeuner. Petite salle fleurie, table garnie de jambon rose et d’asperges blanches. Une jeune et active infirmière de la Société de Secours nous sert d’excellentes choses, emplit nos verres d’un excellent vin, s’inquiète de notre appétit dans mille petits détails. Un monsieur qui doit être le notaire de Saint-Amour nous entoure également de ses soins, nous prie, nous supplie de reprendre de chaque plat, fait retarder le départ du train afin que nous puisions déguster un café qu’il nous a annoncé comme tout à fait supérieur.

A Bourg, des dames infirmières circulent de portière en portière distribuant aux poilus café froid, limonade, oranges, cigarettes et cartes-postales.

A Ambérieu, même zèle, mêmes anges blancs, même limonade.

Nous traversons le Camp de la Valbonne. Des jeunes soldats font l’exercice. Au passage du train marqué de la Croix-Rouge les exercices s’arrêtent, les officiers saluent et tous les hommes d’un même geste agitent leur képi. C’est très émouvant ce salut des jeunes à leurs aînés qui passent le bras en écharpe, le front bandé, la poitrine trouée.

A Lyon, à la gare des Brotteaux, on nous fait tous descendre.

Un excellent colonel vient accueillir les officiers, les dirige vers une salle à manger fleurie d’iris et de tulipes où sur une nappe blanche les attendent jambon rose et bouillon gras… C’est la quatrième fois depuis ce matin que nous festoyons.

Lorsqu’on estime que nous avons satisfait notre appétit, on nous mène chacun à une automobile.

La mienne file à toute allure à travers Lyon, grimpe les pentes de Fourvière et me dépose dans une jolie villa au milieu des jardins du quartier du Point-du-Jour.

Cinquième repas…

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Un Goncourt dans la Grande Guerre, avec comme mot(s)-clef(s) , , , , , , , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à 14 mai 1915. En passant à Dijon, à 7h du matin, nous apprenons que le convoi se dirige sur Lyon et peut-être Valence.

  1. pponsard dit :

    bon, plus de ronds de saucisson et de tranches de gruyère distribués à la sauvette , mais des égards , de bons, nombreux et plantureux repas, des jeunes femmes infirmières accueillantes, un notaire local, un excellent colonel, et enfin la belle capitale des Gaules où l’attend  » une jolie villa au milieu des jardins du quartier du point-du-jour… »
    Qu’est-ce qu’un officier blessé et convalescent peut désirer de mieux en mai 1915 ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>