22 – 25 avril 1915 : je vous envoie une lettre avec un mandat de cinquante francs, vous n’aurez qu’à le toucher à la poste de Bourgueil



Le jeudi 22 avril 1915
Même exercice qu’hier. Il arrive au régiment un renfort venant du dépôt, des anciens blessés et de la classe 1915. Le sous-lieutenant Paul arrive à la 5ème compagnie et est affecté à ma section. Il vient du dépôt du 113ème.


Le vendredi 23 avril 1915
Je suis de jour. Exercice matin et soir. Il y a alerte à 13 h et tout le bataillon se met en tenue de campagne, sacs montés. Il y a vaccination pour les hommes qui ne l’ont pas été.
Le samedi 24 avril 1915
Repos toute la journée. Nous passons aux bains-douches. Il y a un concert sous bois par des hommes du 2ème bataillon. Ensuite une quête est faite au profit des blessés et produit 179.60 F
Le samedi vingt quatre avril 1915
Mon cher père,
Je suis toujours au repos et nous allons repartir prochainement pour les tranchées.

Après quinze jours de beau temps sec et clair, il tombe ce matin une petite pluie fine, et on voit tout reverdir dans la Forêt. Il y a maintenant des feuilles à presque tous les arbres. Bientôt nous aurons de l’ombre.

Je vous envoie dans cette lettre un mandat de cinquante francs, vous n’aurez qu’à le toucher à la poste de Bourgueil. Dès que vous l’aurez reçu vous me le ferez savoir.

Comme j’avais encore près de cent francs, je n’ai pas voulu garder sur moi autant d’argent. A présent que je gagne 51 F par mois, j’aurai largement de quoi m’entretenir.

Aimée m’a annoncé par une lettre d’hier qu’il y a deux colis en route pour moi. Je ne les recevrai sans doute qu’au prochain repos, dans huit jours, nous ne recevons jamais les colis de chemin de fer dans les tranchées. C’est trop encombrant pour être transporté à dos d’homme. Le principal, c’est que je les reçoive.

J’ai pris un deuxième bain-douche ce matin.

Comme c’est demain votre fête je profite de cette occasion pour vous souhaiter bonne et heureuse fête, je vous renouvelle en même temps mon affection profonde et mon dévouement sincère. Votre fils qui ne vous oublie pas. ‑ H. Moisy

Sur le mandat il y a inscrit Madame Moisy, mais c’est une erreur de la poste, j’avais bien indiqué sur ma demande Monsieur et non Madame. Je pense que ça ne vous empêchera pas de le toucher. En tout cas, vous n’auriez qu’à montrer ma lettre.‑ H. M
Le dimanche 25 avril 1915
A 8 h, une messe est célébrée en plein air, au pied d’un arbre (+). A 15 h rassemblement de la compagnie, le capitaine nous fait un petit discours et nous passe une revue en tenue de campagne. C’est notre dernier jour de repos.

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