14-15 avril 1915 : j’aurai maintenant certains avantages que n’ont pas les caporaux



Le mercredi 14 avril 1915
Nous quittons les abris de la Maison Forestière du Four-les-Moines à 1 h et nous arrivons à 4 h aux tranchées de la Haute-Chevauchée. Ma section (3ème) est en deuxième ligne.Ma section fait des corvées pour celles qui sont en première ligne. Nos pièces de 65 tirent sur les tranchées allemandes qui sont à 60 m environ des nôtres. Nous avons à notre gauche une compagnie du 313ème et à notre droite une autre compagnie de mon bataillon. Nous ne travaillons pas pendant le jour.


Le mercredi 14 avril 1915 – 11 heures
Mon cher père,
Je ne sais s’il fait beau temps à Bourgueil, mais en Argonne il fait depuis huit jours un vrai temps de printemps. Du beau soleil, des nuits claires et tempérées ; ce n’est plus pénible d’être dans les tranchées, c’est toujours aussi dangereux mais il y a la souffrance en moins.

Après quatre jours de repos dans des cabanes, un peu en arrière de la ligne de feu, nous sommes revenus ce matin en première ligne dans un endroit bien tranquille où il n’y a pas grand-chose à craindre. Pendant notre repos de quatre jours, nous avons été habillés à neuf, avec des capotes grises de la nouvelle forme et des képis de même couleur. J’ai dû laisser la capote et le képi que l’on m’avait donnés le 4 août dernier, j’aurais préféré les garder jusqu’à la fin pour rapporter à Bourgueil ma capote trouée par les éclats d’obus. Il est vrai que celle-ci a le temps d’en recevoir d’ici là.

Je me porte toujours admirablement.

J’ai été nommé sergent hier et j’ai été changé de section, au lieu d’être à la 2ème section je suis à la troisième mais je suis toujours à la même compagnie. J’ai été obligé de quitter les camarades avec lesquels j’étais depuis le 2 octobre, ainsi qu’Auguste ; nous nous verrons tous les jours quand même.

J’aurai maintenant certains petits avantages que n’ont pas les caporaux. Au lieu de 0.22 F par jour je gagnerai 1.72 F par jour. Pour le danger, c’est la même chose.

J’écris en même temps à Aimée pour lui demander un colis de chemin de fer dans lequel vous pourriez mettre du vin vieux et de l’eau-de-vie, je donnerai le détail à Aimée et elle vous demandera ce qu’il faudra. Je pourrai ainsi régaler les amis.

Je ne vois plus rien d’intéressant à vous signaler.

Recevez, mon cher père, l’assurance de mes sentiments affectueux et dévoués. ‑ Votre fils ‑ H. Moisy
Le jeudi 15 avril 1915
Corvées de bois, de créneaux, de terrassement. Le secteur est assez calme aujourd’hui. Très beau temps.

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Une réponse à 14-15 avril 1915 : j’aurai maintenant certains avantages que n’ont pas les caporaux

  1. Patrice PONSARD dit :

    un colis avec du  » vin vieux » ( un vin « vieux » en 1915, c’était quel millésime ? ) par chemin de fer, il a dû arriver bien fatigué… et j’imagine qu’Henri et ses camarades ne lui ont pas accordé beaucoup de temps pour se reposer et vieillir davantage…

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