19 mars 1915. Voici le cas que fait le communiqué de notre succès du 16.



19 mars 1915. Wargemoulin

Voici le cas que fait le communiqué de notre succès du 16 :

« Au nord de Mesnil, la position conquise hier, 16 mars, a plus d’importance encore que ne l’indiquait le communiqué précédent.

En fait, nous nous sommes emparés de la crête militaire à l’ouest de la croupe 196 sur une longueur de 800m et du terrain au sud sur 400m de profondeur ; cette avance nous donne non seulement le haut du terrain, mais surtout des vues sur le revers nord de la grande croupe qui s’étend de Perthes à Maison-en-Champagne. L’ennemi en a bien senti l’importance car il a tenté, ce matin, pour reprendre le terrain perdu une contre-attaque des plus violentes. L’opération a été menée par un régiment de Landsturm encadré par la garde. Les Allemands ont été littéralement fauchés par nos mitrailleuses ; les rares survivants ont regagné leurs tranchées poursuivis par nos feux. »

Ce développement du communiqué, généralement si laconique, montre l’importance que l’on attache à la victoire de notre division.

Je songe en lisant cela aux mitrailleuses du pauvre et délicieux Charmeux. Ce sont elles « qui fauchaient littéralement »…

Vers 4h il se déclenche un bombardement formidable de part et d’autre. L’artillerie lourde donne de tous ses tonnerres. L’artillerie ennemie bombarde cruellement les boyaux où le 2ème bataillon se tient en réserve. Les marmites arrivent par six et par douze ; on peut imaginer les dégâts qu’elles causent parmi les compagnies entassées dans ces sillons de 75cm de large ! Voilà cent victimes de plus pour le régiment déjà si éprouvé. Il se produit sous cette bourrasque de fer et de feu de nombreux cas de folie. J’admire la résistance des autres cerveaux.

Le plus résistant de tous est bien celui de l’aumônier, l’abbé Dubourg1, toujours sous le feu, dans les balles et dans les marmites, jour et nuit. Rasé de frais, les joues roses et rondes, tout propret dans son caoutchouc mastic il va dans la boue et dans le sang comme il irait chez Monseigneur. C’est un poilu très petit-collet. Il est épatant.

1

Bedel a ajouté en note, au crayon : « Plus tard (1927) archevêque de Besançon, après avoir été évêque de Marseille ».

 

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