8 février 1915. Haute-Fontaine (Aisne)
La relève s’est effectuée dans la nuit compacte. A 11h du soir elle est terminée et les compagnies traversent Vic pour se rendre à huit kilomètres de là , à Haute-Fontaine.
A minuit, seul, après avoir passé les consignes à mes successeurs, je m’éloigne à mon tour. Je m’achemine, par la tempête et par la pluie, sur la grande route de Compiègne. Il fait si noir que je bute de temps en temps dans le rebord de la route. Je la quitte pour gagner, par les bois et par les plateaux, Haute-fontaine.
Sur le plateau de Courtieux j’ai peine à avancer dans le vent et la boue. Parfois une fusée monte dans le ciel de Mouvron ou d’Autrèches et me permet de regarder ma carte. Je rencontre blottis contre les meules ou assis au bord de la route des troupiers égarés, complètement perdus. A force d’en ramasser à droite et à gauche, j’arrive à 2h du matin à Haute-fontaine avec 32 hommes. Mes vêtements sont transpercés par la pluie. Je trouve heureusement une petite chambre sous les toits.
Nous quittons le village à huit heures par un soleil radieux et arrivons à 10h à Vivières (Aisne)
Pays de tout repos, cher à Henri Bataille1 qui y possède un château.
» …des troupiers égarés, complètement perdus… », d’où viennent-ils ? Pourquoi sont-ils là ? A la suite de quelles actions sur le secteur ? Qu’attendent-ils ?
A la limite ça pouvait être très grave de conséquence pour eux « en présence de l’ennemi » , on a hélas vu des troupiers fusillés pour moins que cela, heureusement qu’ils ont été « repêchés » par Bedel…
Avec un salopard teigneux et bornés, ils se retrouvaient » au falot » sans tambours ni trompettes !!
Mystère…