17 – 20 janvier 1915 : Henri Moisy au chaud au milieu des vaches



Le dimanche 17 janvier 1915
Réveil à 6 h. Nous quittons Clermont-en-Argonne à 8 h. Passé à Auzéville, arrivée à Jubécourt à 11 h. Ma section cantonne dans une écurie et nous nous trouvons très bien. Il y a beaucoup de paille et une demi-douzaine de vaches qui entretiennent une température chaude. Il tombe de la neige.

Jubécourt (Meuse) le dimanche 17 janvier 1915 – 19 heures.
Ma chère Eugénie,

J’ai reçu hier samedi 12 janvier ta lettre datée du 10 courant. Je suis en retard en ce moment pour écrire, quoique au repos mais je ne peux pas faire mieux, nous n’avons pas le temps. Nous revenons des tranchées tellement sales que nous n’avons que le temps de nous nettoyer. Je devais faire une longue lettre à Papa hier, et je ne l’ai pas faite faute de temps. Je me rattraperai demain si c’est possible.

Le repos que je te signalais dans ma dernière lettre est fini, et depuis ce temps-là nous avons passé dix jours dans les tranchées, et encore une fois nous sommes revenus au repos. Encore un danger d’écarté. C’est toujours du temps de gagné.

Nous avons quitté les tranchées vendredi matin à une heure, nous avons voyagé toute la nuit par un temps noir comme terre et à travers bois dans la boue et dans l’eau, et nous sommes arrivés à Clermont à 10 heures. Nous avons passé la journée à Clermont et ce matin nous sommes partis pour Jubécourt où nous sommes en ce moment.

Nous sommes toujours heureux d’être au repos, et autant que nous le pouvons, nous améliorons le régime de l’ordinaire. Nous buvons du vin chaud assez souvent.

Auguste Travaillé est toujours avec moi comme je te l’ai écrit.

J’ai été peiné d’apprendre la mort de mon ancien camarade Moreau, mais j’en vois tellement autour de moi que cela ne m’a guère surpris. J’ai appris aussi la mort d’Eugène Mary .

Je me porte très bien en ce moment. Il est tombé de la neige ce soir. Il fait toujours froid et humide. Bonjour à toute la famille et un baiser affectueux de ton frère.

H. Moisy
Le lundi 18 janvier 1915
Remise de décorations par le général de division. Défilé des deux bataillons cantonnés à Jubécourt. Il fait beau et très froid, il y a une petite couche de neige sur la terre. Je lave ma capote dans la Cousances.
Le mardi 19 janvier 1915
Il y a ici des épiceries bien approvisionnées et nous avons du lait à volonté à notre cantonnement. Revue de vivres et de cartouches à 10 h. Revue en tenue de campagne à 15 h. Nettoyage des armes jusqu’à 18 h. Il tombe de la neige.
Le mercredi 20 janvier 1915
Je suis de garde avec mon escouade à la sortie du village, route de Ville-sur-Cousances. Ma compagnie va à l’exercice l’après-midi.

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Eugène à la guerre, avec comme mot(s)-clef(s) , , , , , , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>