31 décembre 1914 : les fêtes du premier de l’an dans la paille d’une grange



Le jeudi 31 décembre 1914
Affectation du renfort dans les compagnies. Violente canonnade dans l’Argonne, on entend très bien le canon d’ici, nous sommes à 12 km environ des lignes. Nous avons repos complet tous les jours. Il y a toujours beaucoup de malades pour les pieds. Le temps est humide depuis plusieurs jours et il y a de la boue partout. Il y a des civils dans la ferme et nous pouvons avoir du lait tous les jours.

CARTE LETTRE ornée d’un faisceau de six drapeaux aux couleurs des pays alliés :France, Grande Bretagne, Belgique, Russie, et deux autres. »Correspondance des Armées de la République » »Carte en Franchise »
Le 31 décembre 1914 — 10 heures

Mon cher Eugène,

En cette fin d’année je pense à la famille toute entière et je présente mes vœux à tout le monde pour la nouvelle année. Je me porte bien et vous souhaite également bonne santé. Le temps est meilleur en ce moment. J’ai vu Gellusseau hier soir ainsi que Ragueneau de La Chapelle[-sur-Loire]. Bonjour à mes neveux, nièce et filleul.

Ton frère qui pense à toi. — H. M.
Le jeudi 31 décembre 1914
Mon cher père,
Ma dernière lettre de l’année 1914 va être pour vous, c’est à vous que je dois le plus, il est juste que je pense à vous plus spécialement.

Les fêtes du Premier de l’An vont se passer pour moi et pour mes camarades dans une grange, dans la paille. Ce ne sera pas bien confortable, mais je serai du moins à l’abri du mauvais temps et du danger. Nous allons avoir du champagne, des cigares, etc. Depuis que nous sommes cantonnés ici nous touchons du vin tous les jours, hier il y avait un litre par homme. Nous pouvons nous procurer certaines petites choses dans les villages environnants, beurre, fromage, chocolat, sardines etc. Nous pouvons donc compléter la nourriture de l’ordinaire.

Nous sommes commandés depuis deux mois par un capitaine russe qui est très aimable pour nous.

Je reçois de temps à autre des nouvelles de M. Guérin et de Me Parfait. J’en reçois aussi de Madame Bindé.

Vous souhaiterez le bonjour à tous vos voisins, qui étaient aussi mes voisins. Je ne peux pas écrire à tout le monde, j’aime mieux écrire plus souvent à la famille. J’ai reçu hier une carte de Daniel Plumel et dernièrement une de Clément Mary.

Je pense que vous vous portez toujours bien malgré le froid et l’humidité. Si vous avez des douleurs, il est bien probable que j’en aurai aussi après la guerre si je reviens, car nous faisons assez d’imprudences pour en attraper.

Dans 3 jours il y aura cinq mois que j’ai quitté Bourgueil. Je n’ai jamais été aussi longtemps absent.

Je vous renouvelle l’assurance de mon affection, mes souhaits de bonne année et vous embrasse de tout mon cœur

Votre fils qui vous aime ‑ H. Moisy

Je me porte bien. ‑ H

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