29 et 30 décembre 1914 : du repos, du vin et des renforts d’Orléans



Le mardi 29 décembre 1914
Nous avons repos toute la journée. Nous sommes encore très nombreux à la visite du major. Dans la marche d’hier soir beaucoup sont restés en route et arrivent au cantonnement dans le courant de la journée.


[Note : L’enveloppe de cette lettre porte la trace d’une ouverture avant son arrivée à la poste de Bourgueil. Le rabat a manifestement été décollé par arrachage, puis glissé à l’intérieur de l’enveloppe avant l’oblitération de Bourgueil, qui figure sur la trace du collage. Il est à remarquer que les enveloppes dont nous avons disposé ont toutes été oblitérées à l’arrivée à Bourgueil par un seul coup de tampon. Celle-ci, exceptionnellement, porte deux coups de tampon, et le second a justement été appliqué sur la trace de collage et d’arrachage. S’agit-il, de la part de la postière, d’une attention bienveillante pour signaler ce qui était peut-être une intervention de la censure ?]
Clermont-en-Argonne (Meuse) le mardi vingt neuf décembre 1914
Chère Eugénie,
Je t’accuse réception du colis que tu m’as envoyé et que j’ai reçu ce matin. Il contenait deux flacons de liqueur, du chocolat, des bonbons, du pâté, des mitaines, un journal.

Je te remercie de toutes ces petites choses, ça fait grand plaisir, car nous devenons gourmands de toutes sortes de friandises, dans le civil, je n’y aurais pas attaché d’importance, nous redevenons enfants. En ce moment, à l’occasion des fêtes de Noël et du Premier de l’An, presque tous reçoivent des colis de la sorte. J’ai reçu en même temps un colis d’Aimée.

Je me trouve en ce moment très en arrière du front, il y a les deux premiers bataillons du régiment cantonnés dans une même ferme, environ 1300 hommes, tu vois que la ferme est grande, cette ferme est vide, elle était dirigée avant la guerre par un Allemand. Je suis allé voir à la 3ème Compagnie pour voir Georges Tiran. Il n’y est plus, il a été blessé le 22 décembre devant Boureuilles, d’une balle au bras et l’autre à la cuisse, mais sans gravité.

Je me porte toujours bien, j’ai souffert du froid et de l’humidité comme les autres, mais en ce moment que nous sommes au repos, nous nous soignons du mieux possible et, ma foi, ça ne va pas mal.

Je t’ai présenté mes vœux de bonne année il y a deux jours, je les renouvelle aujourd’hui.

Je t’embrasse de tout mon cœur.

Ton frère, ‑ H. Moisy
Le mercredi 30 décembre 1914
Rassemblement de la compagnie à 14 h. Nomination de caporaux et de sergents. Nous touchons chacun un litre de vin. Les fourriers vont s’approvisionner à Rarécourt qui se trouve à 2 km. A 22 h il arrive pour le régiment un renfort de 700 hommes venant du dépôt d’Orléans.

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