8 décembre 1914 : la compagnie d’Henri Moisy à l’attaque de Vauquois



Le mardi 8 décembre 1914

Ma compagnie est désignée pour attaquer Vauquois ce matin. Nous touchons deux jours de vivres de réserve. Le commandant. Benoist, commandant le 2ème bataillon nous réunit dans la Forêt de Hesse face à Vauquois et nous adresse la parole. Nous partons à 10 h sous le commandement du capitaine Arguieff.

Nous nous déployons en tirailleurs dans le bois et aussitôt une violente canonnade est dirigée sur nous. A la sortie du bois il nous faut traverser un marais où il y a jusqu’à 40 centimètres d’eau. Nous le traversons en désordre vers midi. Beaucoup d’hommes ont été blessés dans le bois et beaucoup d’autres tombent, tués ou blessés dans le marais.

Après le marais nous traversons la route de Vauquois à Avocourt et comme il n’est pas possible d’avancer plus loin pendant le jour, nous nous arrêtons à l’abri d’un talus où nous restons toute la soirée et une partie de la nuit.

Bien des hommes étaient restés dans le bois, quelques-uns essaient de rejoindre la compagnie l’après-midi, mais dès qu’ils apparaissent dans le marais une pluie de balles les accueille et ceux qui ne sont pas touchés sont obligés de rentrer dans le bois. L’un d’eux, l’agent de liaison Caillard, apportant un ordre, se jette dans un trou d’obus plein d’eau pour éviter les balles, et il reste pendant quatre heures dans l’eau jusqu’aux épaules en attendant la nuit où il peut enfin arriver jusqu’à nous.

Des tireurs allemands placés dans les maisons de Vauquois observent tous nos mouvements et tirent sur les blessés qui essaient de se traîner jusqu’à nous. Il pleut sans arrêt à partir de midi et nous passons le nuit mouillés jusqu’aux os. Violente canonnade française sur Vauquois.

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3 réponses à 8 décembre 1914 : la compagnie d’Henri Moisy à l’attaque de Vauquois

  1. Patrice PONSARD dit :

    4 heures dans l’eau jusqu’aux épaules, en plein mois de décembre, le malheureux est bon pour une bronchite au minimum…Et comment faire sécher de lourdes capotes et des effets gorgés d’eau ?
    Cette attaque meurtrière, a priori sans préparation d’artillerie, sur un terrain difficilement praticable, avait-elle un sens ?

  2. Marie-Noëlle PRETTO dit :

    Bonjour,
    Merci pour ce précieux partage d’archive : mon grand-oncle Armand BRIFFE était à Vauquois le 8 décembre dans le 151e RI pour son « baptème du feu ». Il venait de fêter ses 20 ans… la veille. Il a survécu a cette bataille mais sera porté disparu le 6 juin 1915 à Quennevières. De ce que j’ai compris il semble qu’Henri Moisy était au 1er RCC. Quoiqu’il en soit, ils ont connu le même enfer et n’avaient que 3 ans d’écart. Si vous le souhaitez, j’ai une photo de lui et d’un camarade, et un croquis de tranchée de sa main (il était à l’école de Arts et Métiers de Reims). Encore merci.

    • Marie-Noëlle PRETTO dit :

      Re-bonjour,
      Après relecture des informations en ma possession, je ne suis plus certaine que mon grand oncle était à Vauquois le 8 décembre, mais plus vraisemblablement vers Ypres. Merci de bien vouloir annuler mon commentaire. J’y reviendrai si j’ai plus d’information : l’histoire du 151e RI est encore un mystère pour moi…
      Encore merci pour ce que vous faites pour la mémoire des notres…
      Bien cordialement,
      Marie-Noëlle PRETTO

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