26 septembre 1914. Dieu ! que les hommes sont bavards



26 septembre 1914. Deneuvre.

Dieu ! que les hommes sont bavards, ce matin, sous ma fenêtre. Ils se racontent l’un à l’autre pour la centième fois ce que sait l’un et ce que sait l’autre à savoir que les balles font : Suiii… Suiii, les obus Tiii iu iu iu iu iu iu … pagnnne ! Et j’entends leurs lèvres imiter toute la gamme des sifflements.

Dans la rue le capitaine Cocagne se promène en pleurant : il a eu à lui seul près de soixante hommes hors de combat, dont 24 tués.

Ah ! c’est qu’on meurt en France en ce moment. Je trouve sur une liste de morts : le délicieux poète Charles Péguy, le capitaine de Lantivy1 (pauvre petite vicomtesse de Lantivy si fière d’avoir arraché son mari au typhus !), Jean Gast un de mes amis d’enfance. Le général de Castelnau a déjà perdu deux de ses fils et un 3ème est grièvement blessé.[…]

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 La précision « C’était un cousin », a été ajoutée à l’encre bleue, lors d’une relecture du manuscrit, par Bedel.

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Une réponse à 26 septembre 1914. Dieu ! que les hommes sont bavards

  1. Patrice PONSARD dit :

    notre héros semble nourrir un tendre sentiment pour la  » pauvre petite vicomtesse de Lantivy », sa cousine par alliance…
    La liste des tués de ces premiers mois de 14 semble en partie extraite de l’Annuaire général héraldique du comte de Burey, l’ancêtre du Bottin Mondain, qui n’existait pas à l’époque …
    Il est vrai que l’aristocratie, en fait la vieille noblesse, en proportion du nombre de ses membres a eu beaucoup de tués à l’ennemi durant cette guerre, engendrant ainsi la disparition de nombreux noms anciens, à tel point qu’une loi votée dès le début des années vingt a autorisé les collatéraux des familles à relever ces noms pour qu’ils ne disparaissent pas.
    Certaines familles ne se sont pas faites priées…

    Naturellement il convient de rappeler que les gros bataillons des MPF ont été constitué par les ruraux, cultivateurs ou artisans des bourgs, car ils étaient les plus nombreux numériquement dans la France de 14…
    Le monde ouvrier aussi a souffert, et les Bretons très nombreux ont payé leur courage de terribles hécatombes…

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