15 septembre 1914. Baccarat
Journée de travaux de retranchement dans les bois des environs de Baccarat. Il pleut finement. Ca ne sent soudain plus la guerre. Les troupiers, entre deux coups de pioche, cherchent des champignons. Moi, j’ai découvert un délicieux petit coin : un étang encadré de sapins, un véritable Henner1. C’est là que je passe une partie de la journée.
Les nouvelles nous arrivent du Nord, magnifiques. C’est aujourd’hui le télégramme de Joffre à Millerand2, confirmant la victoire.
Dans tous les bois, entre Baccarat et Rambervillers, on trouve des quantités de cadavres. Un homme de mon bataillon, retourné sur ses pas pour chercher son portefeuille égaré, s’est trouvé soudain en présence de huit Allemands assis autour d’une table : ils étaient là figés par la mort devant leur plat d’aluminium et leurs bidons à moitié vides.